"Les droits de liberté d'expression et de réunion sont inscrits dans la Constitution algérienne. Nous attendons que ces droits puissent être exercés de façon pacifique et soient garantis dans le respect de l'Etat de droit", a déclaré Maja Kocijancic. Le Quai d'Orsay et Bruxelles se sont exprimés hier sur la situation en Algérie. En effet, le secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères français, Jean-Baptiste Le Moyne, a déclaré que "c'est au peuple algérien souverain qu'il revient de s'exprimer, de choisir ses dirigeants, de décider de son avenir". Dans un entretien à RFI, Jean-Baptiste Le Moyne a révélé que la France suit de près l'évolution de la situation en Algérie. "Nous sommes extrêmement attentifs à ce qui se passe depuis maintenant deux semaines, parce que l'Algérie est un pays ami, un partenaire important avec lequel nous avons des liens extrêmement forts." Cette prudence affichée par la France en évoquant la contestation populaire contre le cinquième mandat est expliquée par le secrétaire d'Etat français par une volonté de respecter les règles de bienséance qui régissent les relations entre les Etats. "En France, lorsque des Etats amis et voisins ont commenté telle ou telle mobilisation dans notre pays, nous ne l'avons pas bien pris. Par conséquent, nous nous abstiendrons du même genre de méthodes vis-à-vis de nos amis et voisins", souligne-t-il. De son côté, la Commission européenne a exprimé, hier, une position plus tranchée en exhortant les autorités algériennes à respecter la liberté d'expression et de réunion dans le pays. "Les droits de liberté d'expression et de réunion sont inscrits dans la Constitution algérienne. Nous attendons que ces droits puissent être exercés de façon pacifique et soient garantis dans le respect de l'Etat de droit", a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de la Commission européenne. Et de poursuivre : "Plusieurs candidats ont soumis leur candidature et il appartient maintenant au Conseil constitutionnel algérien de confirmer leur conformité par rapport à la Constitution et la loi électorale." Cette intervention de l'Union européenne est faite au lendemain du dépôt par procuration du dossier de candidature d'Abdelaziz Bouteflika au Conseil constitutionnel qui a été suivi d'un appel lancé par l'opposition, réunie au siège du parti de Djaballah, lundi dernier, réclamant l'application de l'article 102 de la loi fondamentale. Une disposition qui prévoit la destitution du chef de l'Etat en cas de maladie grave et durable. Une demande déjà formulée, la veille, par la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Admis depuis le 24 février dernier dans un hôpital de Genève, officiellement pour un contrôle médical, Abdelaziz Bouteflika n'a toujours pas regagné le pays. Cette absence prolongée au-delà de la durée nécessaire pour des examens de routine a relancé le débat sur son état de santé. Le dossier de candidature doit contenir, en effet, un certificat de bonne santé, délivré par un médecin assermenté. En disant qu'il appartient au Conseil constitutionnel de contrôler la conformité des dossiers des candidats avec la loi électorale et la Constitution, l'Union européenne appelle cette institution à ne pas violer la légalité, au profit du Président candidat. Nissa H.