Le marché informel dans le pays constitue un terrain fertile pour des opérations de blanchiment d'argent. L'Algérie figure à la 88e place dans le classement mondial des pays en termes de blanchiment d'argent. C'est ce qu'a indiqué M. Roger Louis Cazalet, président du Comité de lutte contre le blanchiment d'argent sale lors d'une journée d'étude sur la gouvernance et le blanchiment d'argent, organisée, hier, par l'Ordre national des experts-comptables, commissaires aux comptes et des comptables à l'hôtel Mercure. Pour M. Roger Louis Cazalet “l'Algérie n'est pas considérée comme un pays où l'on pratique le blanchiment d'argent puisqu'elle ne figure pas sur la liste des pays où ce phénomène est largement répandu”. Ce responsable a souligné, par ailleurs, que “nous avons recensé 5 000 milliards de dollars de réserves en attente de blanchiment dans les zones off-shore en 2005 contre 500 millions de dollars enregistré avant 1980”. De même, il a affirmé que “nous prévoyons d'atteindre 10 à 20 000 milliards de dollars durant 2005-2009”. En France, le Comité de lutte contre le blanchiment d'argent a enregistré, selon M. Cazalet, 1 704 déclarations de soupçons dont 74% émanent des banques et une grande partie de l'argent provient des pays de l'Europe de l'Est. Rencontré en marge de cette journée d'étude, M. Abdelkrim Djadi, magistrat et membre du Conseil de la cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) a soutenu que “le marché informel représente, aujourd'hui, un terrain fertile pour les opérations de blanchiment d'argent”. Il a rappelé que les membres du conseil de la CRTF ont été installés, officiellement, le 14 mars 2004. Le dispositif législatif et réglementaire algérien a été amendé, selon M. Djadi, pour le mettre en conformité avec les lois internationales sur le blanchiment d'argent. Il a relevé que “les banques algériennes vont se doter prochainement d'un système permettant de détecter toute opération ou transaction douteuse tandis que l'Association des banques et établissements financiers a établi un référentiel écrit sur les procédures de lutte contre le blanchiment d'argent dans le milieu bancaire”. Ce document sera transmis dans les prochains jours à l'ensemble des banques algériennes. En évoquant le rôle de la CRTF, il a précisé que “notre organisme est indépendant et s'occupe essentiellement de la collecte d'informations financières et la réalisation d'enquête sur le terrain”. La CRTF ouvre une enquête après l'enregistrement d'une déclaration de soupçon sur une opération financière ou bancaire. Elle pourra demander, dira-t-il, la levée du secret bancaire dans le cadre de ces enquêtes sur le blanchiment d'argent. Ce magistrat a estimé que “l'Algérie reste encore loin des pays où le blanchiment d'argent est une pratique très courante et notre dispositif réglementaire est conforme aux lois internationales”. Ceci étant dit, notre pays doit mettre en place les mécanismes d'application de ces lois et d'assurer la formation du personnel chargé de la mise en œuvre de ce dispositif. En outre, le Conseil national de l'Ordre des experts-comptables a signé, selon son président M. Lamine Hamdi, une convention de jumelage avec le Conseil régional de Marseille-Alpes-Côte d'Azur portant sur la formation et l'assistance technique. Le Conseil national de l'Ordre des experts-comptables compte lancer, aussi, une formation à partir de la prochaine rentrée sociale au profit des experts-comptables, commissaires aux comptes et comptables. Faïçal Medjahed