Après les nombreuses et différentes corporations qui ont investi l'espace public à Tizi Ouzou pour dénoncer le prolongement du 4e mandat et demander le départ du système, hier, ce sont les agriculteurs qui ont accaparé le terrain du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Cette réaction intervient suite aux récentes déclarations du secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Allioui, qui a affirmé avoir collecté plus de 5,4 millions de signatures au profit d'Abdelaziz Bouteflika tout en ajoutant que "les paysans relevant de l'organisation vont animer une campagne électorale de proximité au profit du même Bouteflika", qui a, entre-temps, retiré sa candidature, faut-il le rappeler, à un 5e mandat et annoncé le prolongement du 4e. Et en réaction aux propos du SG de l'UNPA, les agriculteurs de la wilaya de Tizi Ouzou ont donc tenu à organiser une marche — qui a démarré du stade du 1er-Novembre pour se rendre à la place de l'ancienne mairie — tout au long de laquelle ils ont exhibé des pancartes appelant au départ de Mohamed Allioui et de tout le système qui a mené le pays au chaos. Les manifestants, dont la procession était précédée d'un tracteur agricole, ont, durant tout leur parcours, déversé leur colère sur le pouvoir mafieux de Bouteflika et appelé au départ d'Allioui comme l'avaient fait, deux jours auparavant, les travailleurs et les syndicalistes UGTA contre Sidi-Saïd. Sur les différentes pancartes brandies par les manifestants, on pouvait également lire "Allioui dégage", "Agriculteurs d'aujourd'hui = pétrole de demain" ou encore "Paysan s'engage, système dégage". "Nous marchons pour dénoncer la marginalisation de l'agriculteur mais aussi pour dénoncer les propos du SG de l'UNPA qui agit sans demander l'opinion des professionnels de l'agriculture. Nous demandons son départ car il a osé parler au nom des agriculteurs, en affirmant avoir collecté plus de 5,4 millions de signatures au profit de Bouteflika, et nous tenons à lui répondre que nous sommes apolitiques. M. Allioui doit comprendre que nous ne sommes pas des moutons de Panurge mais des agriculteurs professionnels et dignes", a déclaré Kheireddine Hamoutène, président de l'association "Zitoune Bladi" de Tizi Ouzou. K. Tighilt