L'opération européenne Sophia de lutte contre les passeurs de migrants va "intensifier" sa surveillance aérienne en Méditerranée pour pallier la suspension de ses moyens navals, décidée sous la pression de Rome, a annoncé, hier, le Conseil de l'UE. Le mandat de Sophia a été prolongé hier de six mois, jusqu'au 30 septembre 2019, mais avec une "suspension temporaire du déploiement des moyens navals de l'opération", a indiqué l'instance regroupant les pays de l'UE dans un communiqué, confirmant un accord de principe trouvé mercredi. "L'opération continuera d'exécuter son mandat en conséquence, en intensifiant la surveillance par des moyens aériens, ainsi qu'en renforçant le soutien apporté aux gardes-côtes libyens et à la marine libyenne", a ajouté le Conseil. Outre la lutte contre les passeurs, Sophia "mène des activités de surveillance et recueille des informations sur le trafic d'exportation de pétrole en provenance de Libye", souligne l'institution. Cette mission militaire avait été lancée en 2015 après une série de naufrages pour lutter contre les réseaux de passeurs en Méditerranée. Son quartier général est installé à Rome, mais elle est sur la sellette depuis que la coalition au pouvoir en Italie demande une refonte de son fonctionnement. Faute d'accord sur un partage de l'accueil des migrants secourus en mer, le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, exige que l'UE revienne sur la règle voulant que les migrants secourus par Sophia soient systématiquement débarqués en Italie. C'est ce bras de fer qui menace l'existence de l'opération et qui a mené au compromis provisoire entre Etats membres. "L'opération Sophia est une opération navale. Il est clair que sans les moyens maritimes, elle ne sera plus à même d'appliquer efficacement son mandat", avait déploré, mercredi, une porte-parole du service diplomatique de la Commission européenne. Face à une situation qu'elle jugeait bloquée depuis des mois, l'Allemagne avait décidé, en janvier, de ne pas remplacer sa frégate opérant dans la zone. Et de fait, l'opération Sophia n'a plus mené d'opérations de secours depuis l'été 2018. En janvier, l'amiral Enrico Credendino, chef de la mission, avait revendiqué le sauvetage de 45 000 personnes par Sophia, soit 9% du total des migrants secourus en Méditerranée. Plus de 500 embarcations de passeurs ont été mises hors d'usage et 150 trafiquants arrêtés, avait-il ajouté.