Des milliers de Bordjiens ont manifesté, hier pour le 7e vendredi consécutif, en scandant "Dégagez tous !" Evidemment, tout le monde aura compris qu'ils visent tout le système. Ils pointent du doigt le clan Bouteflika : gouvernement, APN, Conseil de la nation et hommes d'affaires qui ont détruit l'économie du pays. C'est leur gestion catastrophique qui est la cause de ce ras-le-bol et des protestations unanimes du peuple qui, depuis la marche du 22 février, est en train d'écrire une glorieuse page d'histoire. "Le peuple algérien est déterminé à aller jusqu'au bout. Aujourd'hui, il va rééditer un message clair à ceux qui veulent récupérer, étouffer et casser le mouvement populaire en faisant du départ de Bouteflika une victoire finale. Le peuple algérien s'est libéré. Il a décidé de prendre son destin en main, rien ne pourra l'arrêter. La rue est le seul garant du mouvement", dira Kahli Mokhtar, un manifestant bordjien, rencontré dans toutes les marches. Safa, jeune universitaire, drapeaux algérien et amazigh sur le dos, déclare que "si ce sont les millions de citoyens qui ont poussé Bouteflika à dégager, ceux qui auront officialisé son départ sont ceux-là mêmes que les manifestants visent par le slogan désormais repris sous d'autres cieux : ‘Dégagez tous !'" À M'sila, l'annonce du départ de Bouteflika n'a pas été une fin en soi, puisque des manifestations ont été organisées, hier, vendredi, dans plusieurs villes de la wilaya. Depuis le 22 février dernier, les M'silis ont appris non seulement à donner des couleurs, de la musique, de la poésie et des sentiments à leurs revendications, mais ont pris surtout goût à ces rassemblements populaires jamais enregistrés depuis l'indépendance du pays. Pour ce septième vendredi, les slogans et les pancartes visent Bensalah, Belaïz, Bedoui, Bouchareb, et toutes les figures du système. La mise sous mandat de dépôt de l'ex-patron du FCE, Ali Haddad, le déclenchement de procédures judiciaires à l'encontre d'autres "hommes d'affaires" et le limogeage de Tartag ont aussi été les slogans qui ont été préparés par ces centaines de milliers de manifestants pour le départ du pouvoir. "Nous disons à l'armée que le peuple ne veut ni Bensalah, ni Belaïz, ni …", dira Fares, un manifestant de Boussaâda. "Dégagez tous !", crient les manifestants qui ont également scandé : "Pacifique, pacifique", "Djeïch chaâb, khawa khawa".