Des soldats de l'ANL dans la ville de Sebkha Le MAE français s'est exprimé au terme d'une audience accordée par le chef du gouvernement d'union nationale (GNA) Fayez al Serraj et peu avant deux autres rencontres, avec le chef de la Manul, Ghassan Salamé et le maréchal Khalifa Haftar. C'est à partir de Tripoli où il effectuait une visite à l'invitation de son homologue libyen, membre du gouvernement d'union que conduit Fayez al Serraj, que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a tenu à saluer «les progrès significatifs» enregistrés dans le sud du pays par le maréchal Khalifa Haftar, en particulier contre les groupes terroristes et les factions rebelles tchadiennes. L'armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée de Haftar effectue depuis plus d'un an maintenant une offensive dans le sud de la Libye, vaste zone désertique où se trouvent d'importants gisements pétroliers ainsi que les bases de groupes terroristes et de trafiquants en tous genres. L'Algérie qui mobilise des forces importantes tout au long de la frontière, longue de plus de 1000 km, avec ce pays frère et voisin, se voit contrainte de surveiller attentivement les moindres faits et gestes qui se déroulent dans cette immense bande limitrophe où d'importants enjeux se conjuguent à de féroces appétits tant internes qu'internationaux. L'appui que la France accorde depuis 2011 au maréchal Khalifa Haftar n'est pas dénué de calculs et d'ambitions latentes, même si le rôle de Paris dans la situation qui prévaut en Libye a été des plus pernicieux. «Des progrès significatifs ont été accomplis dans le sud du pays face aux groupes terroristes, aux organisations criminelles et aux bandes armées étrangères qui, depuis longtemps, entretiennent l'instabilité dans la région», a déclaré M. Le Drian, reprenant la liste des objectifs de l'offensive telle qu' annoncée par l'ANL. L'allusion à une récente attaque de l'ANL visant un convoi de rebelles tchadiens contestant Idriss Deby, attaque soutenue par l'aviation française déployée à N'Djamena, est à peine déguisée. M. Le Drian s'est exprimé au terme d'une audience accordée par le chef du gouvernement d'union nationale (GNA) Fayez al Serraj et peu avant deux autres rencontres, avec le chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) d'une part et le maréchal Khalifa. Haftar, d'autre part. Nul doute qu'au cours de ces entretiens, la question du processus de règlement de la crise a été abordée, à la lumière de la récente déclaration commune des dirigeants libyens sur la conférence nationale prévue fin mars à Syrte et dont al Serraj et Haftar ont convenu, lors d'un tête-à-tête organisé à Abou Dhabi, le 27 février dernier, par les Emirats arabes unis. Sur un plan concret, la situation qui prévaut depuis décembre 2015, date de la signature à Skhirat d'un accord entre les différentes parties concernées par la crise libyenne, sous l'égide de l'ONU, n'a pas beaucoup évolué. Les deux principales autorités qui se disputent le pouvoir, à savoir le GNA à Tripoli et le Parlement soutenu par Haftar, à Tobrouk et Benghazi, se regardent toujours en chiens de faïence. A Tripoli, les milices qui encadrent le GNA surveille non sans une grande méfiance les opérations de Haftar qu'elles considèrent comme des velléités expansionnistes de nature à imposer une dictature militaire dans le pays. A tort ou à raison, elles veillent donc à accompagner pas à pas les échanges entre al Serraj et Haftar sous la houlette du médiateur onusien Ghassan Salamé, tenu par l'urgence de l'échéancier soumis en décembre 2017 puis 2018, au Conseil de sécurité de l'ONU afin de sortir de la crise et de convoquer des élections législatives et une présidentielle. L'entente formelle annoncée par les Emirats fin février a d'ailleurs été «saluée», elle aussi, par le MAE français qui y voit l'occasion opportune d'une «formation d'un exécutif de transition chargé de rétablir les services de base à la population et de préparer des élections avant la fin de l'année. La France souhaite que cette entente soit mise en oeuvre rapidement dans un esprit de concorde nationale et de coopération», a encore ajouté Le Drian. Un autre voeu pieux dont on espère qu'il se traduise dans les faits et à la date derechef arrêtée par Ghassan Salamé qui pense que le scrutin pourrait être organisé en octobre. Inchallah...