L'ONU a déjà affirmé que les élections générales ne peuvent pas être organisées avant cette conférence nationale, considérée comme déterminante pour l'avenir du processus politique en cours. La Mission des Nations unies en Libye (Manul) organisera du 14 au 16 avril "une conférence nationale" appelée à dresser "une feuille de route" à même de sortir le pays d'une profonde crise, a annoncé la mission hier. La conférence, qui se tiendra dans la ville historique de Ghadamès (centre de la Libye), doit notamment fixer une date pour des élections législatives et présidentielle. "Nous allons inviter toutes les catégories politiques libyennes sans exception", a déclaré au cours d'une conférence de presse le chef de la Manul, Ghassan Salamé. M. Salamé a précisé que cette conférence à laquelle prendront part "entre 120 et 150 personnes", est le résultat d'une longue série de consultations et de réunions préparatoires ayant eu lieu dans 57 villes du pays. L'idée d'une conférence nationale avait été lancée au lendemain de la rencontre de Palerme, en Italie, où les parties libyennes ont été invitées à trouver un terrain d'entente pour sortir le pays de la crise. Depuis, des contacts ont été intensifiés entre les autorités de l'est, établies à Tobrouk, et celles de l'Ouest, établies à Tripoli et reconnues par l'ONU. Une nouvelle rencontre a eu lieu au début du mois à Abou Dhabi, entre le controversé maréchal Khalifa Haftar et le patron du Conseil présidentiel, Fayez al-Serraj, et elle s'est achevée par un accord en faveur d'une unification de l'institution militaire, qui devrait toutefois dépendre d'une autorité politique, pour éviter tout dérapage à l'avenir. Parallèlement aux avancées politiques, l'armée libyenne nationale dirigée par Khalifa Haftar a enregistré, elle- aussi, une importante avancée sur le terrain. L'ANL a réussi à conquérir de larges territoires du sud et du sud-ouest libyen, au cours d'une vaste offensive militaire qui se poursuit toujours. Les soldats de Khalifa Haftar ont même réussi à chasser les milices tchadiennes qui ont fait du Sud libyen leur basse-arrière et zone de repli. Les milices tchadiennes sont également impliquées dans le conflit libyen, selon plusieurs rapports des ONG et des services de renseignements occidentaux. Depuis la chute du régime du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée par les divisions et les luttes d'influence entre milices et tribus. Sur le plan politique, deux autorités se disputent le pouvoir: le Gouvernement d'union nationale (GNA), établi fin 2015 en vertu d'un accord parrainé par l'ONU et basé à Tripoli, et une autorité rivale, installée dans l'Est, contrôlé par l'Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar, qui bénéficie du soutien d'une large partie des tribus libyennes et du Parlement élu que dirige Aguila Salah.