La rencontre a finalement eu lieu dans la rue entourée par un dispositif discret des forces de l'ordre. Des membres du comité central du FLN contestataires de l'actuelle instance dirigeante, qui devaient se réunir hier matin, en vue de l'activation de l'article 36 du règlement intérieur du parti pour élire un nouveau secrétaire général et la désignation du bureau politique (BP), n'ont pas pu y avoir accès. "En arrivant, nous avons trouvé la porte fermée, pourtant, nous avons annoncé notre réunion 48 heures à l'avance au chargé de l'administration et avons confirmé le rendez-vous hier", certifie Mustapha Mazouzi, membre du comité central. La rencontre, qui a rassemblé, selon les estimations des participants, environ 200 membres de cette instance, a eu finalement lieu dans la rue, entourée par un dispositif discret des forces de l'ordre. L'article 36 du règlement intérieur stipule, en effet, qu'en cas de vacance du poste de secrétaire général, l'intérim doit être assuré par le membre le plus âgé du BP qui devra convoquer une session du comité central dans un délai de 30 jours pour élire un nouveau SG parmi ses membres. En l'occurrence, c'est à Ahmed Boumehdi que revient cette tâche, apprend-on de Mustapha Mazouzi, qui estime que l'actuel directoire du parti "n'est ni conforme au règlement intérieur du FLN ni encore moins à la loi régissant les partis politiques. C'est une usurpation de fonction. Le ministère de l'Intérieur aurait dû réagir". Et de poursuivre : "Malheureusement, la présidence était à la manœuvre. C'est un fait. Le coordinateur du FLN, Mouad Bouchareb, parlait ouvertement au nom de cette institution qui n'a pas la prérogative de désigner quiconque. Ce sont les organes du parti qui élisent le SG." Suite au départ de Djamel Ould Abbes de la direction du FLN pour, officiellement, des raisons de santé, Mouad Bouchareb, président de l'Assemblée nationale, a été désigné pour assurer l'intérim. Sauf que ce dernier, qui n'est ni membre du comité central ni du BP — ce qui est contraire aux statuts du parti — s'est retrouvé propulsé à la tête du parti. Les adversaires de Mouad Bouchareb, à leur tête Saïd Bendaïda, Ahmed Boumehdi, Mustapha Mazouzi, Assas Rachid et Ahmed Benaï, espèrent tenir la session du comité central dans quinze jours. "On ne veut plus d'un FLN des affairistes, de ceux qui cadenassent les portes et de tous ces bandits qui ont pris en otage le parti", lâche un membre du comité central. "Je veux postuler pour le poste du SG, c'est pour cette raison que pour l'instant, je ne veux pas sortir de l'ombre, pour ne pas être contrecarré", explique-t-il. Ce n'est pas la première fois que les statuts du vieux parti sont violés. La désignation d'Ould Abbes au poste de SG, en octobre 2016, devait être provisoire. Il est resté à ce poste durant deux ans sans jamais réunir le comité central. "Il y a toujours eu des rébellions au sein du parti. Certains étaient contre le cinquième mandat. Des mouhafedhs refusaient parfois d'appliquer les directives de la direction, mais la conjoncture nous imposait le silence. Aujourd'hui, le peuple a libéré notre parole", explique notre source.