Installé il y a juste trois semaines à la tête de l'APN en remplacement de Saïd Bouhadja, Mouad Bouchareb a pris officiellement, hier, les commandes du FLN, en succession à Djamel Ould Abbès, écarté pour des raisons de santé. Le nouveau président de l'Assemblée dirige une instance de six membres, trois hommes et trois femmes, avec comme principale mission l'organisation d'un congrès extraordinaire. Conséquences : toutes les instances du parti majoritaire, à savoir le secrétariat général, le Comité central (qui ne s'est jamais réuni depuis l'arrivée de Djamel Ould Abbès) et le Bureau politique sont dissous. «La préparation du congrès extraordinaire commence à partir d'aujourd'hui. Lorsque les préparatifs seront terminés, le congrès aura lieu, soit avant, soit après l'élection présidentielle», a déclaré, hier à Alger, le nouveau homme fort du vieux parti, à l'occasion de l'installation de l'instance dirigeante. Cette dernière est composée de Mustapha Karim Rahiel, Saïd Lakhdari, Mahmoud Kamama, Saïda Bounab, Samira Kerkouche et Leila Tayeb. Dans sa courte intervention, Mouad Bouchareb a affirmé que l'instance qu'il préside est mise en place sur instruction du président du parti, Abdelaziz Bouteflika. «L'instance œuvrera à remettre sur les rails le parti et réunifier ses rangs», a-t-il déclaré, annonçant la création, dans les prochains jours, d'une commission exécutive qui travaillera en coordination avec son instance, en vue de préparer et d'organiser le congrès. Avec l'installation de l'instance dirigeante du FLN, c'est la fin de l'ère de Djamel Ould Abbès qui est signée. La mission de réunifier les rangs est d'autant plus difficile que les tentatives d'Ould Abbès se sont soldées par un échec. Force aussi est de constater que Mouad Bouchareb part avec un handicap : il n'est ni membre du Comité central, ni membre du Bureau politique, alors que les textes du parti stipulent qu'en cas de vacance du poste de secrétaire général, c'est le membre du Bureau politique le plus âgé qui assure l'intérim. Mais cela ne dérange pas outre mesure le président de l'APN. «Lorsqu'il y a une instance dirigeante et une commission exécutive, cela veut dire que les autres instances n'ont plus aucun rôle. Tous les militants respecteront les décisions du Président», a souligné M. Bouchareb. Sa désignation a été contestée par certains membres du Bureau politique, dont Ahmed Boumehdi. Ce dernier étant le membre le plus âgé du BP, avait appelé au respect des textes. «Boumehdi semble avoir oublié que le BP dont il fait partie est illégitime, car il n'a jamais été avalisé par le comité central qui ne s'est pas réuni depuis plus de deux ans, alors que les textes du parti exigent sa réunion obligatoire au moins une fois par an», nous explique un député membre du CC. Hier, lors de son installation, Mouad Bouchareb a montré une assurance et une sérénité à toute épreuve. Il a affirmé qu'avec ce changement, le FLN opérera un nouveau départ. Le parti majoritaire maintiendra-t-il les positions prises en son nom par son ancien secrétaire général, Djamel Ould Abbès, qui avait annoncé que le candidat du parti à l'élection présidentielle de 2019 est Abdelaziz Bouteflika ? Mouad Bouchareb a marqué un petit recul, en faisant savoir que la question n'est pas encore tranchée, et que le FLN n'avait pas encore pris de décision par rapport à la présidentielle. «Nous avons tout le temps pour le faire. On prendra la décision qu'il faut au moment qu'il faut», a-t-il dit. Cela étant dit, l'orateur a réitéré le soutien de sa formation au programme du chef de l'Etat qui s'étale, a-t-il précisé, jusqu'à 2030.