Considéré comme un homme du sérail, il est loin de refléter le changement voulu par les Algériens. La seule chose à retenir du discours d'Abdelkader Bensalah, désigné au poste de président par intérim, est son obstination à aller au bout de sa mission, à savoir organiser sous 90 jours "un scrutin présidentiel transparent et régulier". Demeurant sourd à l'appel massif du peuple qui lui dénie toute légitimité, Abdelkader Bensalah a affirmé, lors de son premier discours à la nation, "mon unique ambition est et demeurera d'accomplir rigoureusement la mission qui m'est assignée". Il s'est même permis le luxe de dérouler sa feuille de route. Il est ainsi question de la création, en priorité et en urgence, d'une "institution nationale collégiale, souveraine dans ses décisions, à laquelle sera dévolue la mission de réunir les conditions nécessaires de préparation et d'organisation d'élections nationales honnêtes et transparentes". La mise en place de cette institution se fera, selon lui, en concertation avec la classe politique et la société civile. D'ailleurs, il a indiqué que "citoyens, classe politique et institutions de l'Etat" sont "tenus de concourir" à la réunion de "toutes les conditions d'un scrutin présidentiel transparent et régulier". Ce scrutin, dont tous les Algériens seront les "garants", selon Abdelkader Bensalah, permettra au peuple "d'exercer son choix libre et souverain". Caressant dans le sens du poil, il a souligné que "l'accomplissement de cette mission devra prendre en charge la mise en application des dispositions des articles 7 et 8 de la Constitution, ce à quoi nous sommes tenus de concourir, citoyens, classe politique et institutions de l'Etat". Abdelkader Bensalah dont le discours est aux antipodes de celui du peuple espère "une action collective historique à la hauteur des défis de l'étape". Sa "main sincère et loyale" qu'il tend "à tout un chacun pour surmonter les divergences" est perçue, par le peuple, beaucoup plus comme un traquenard dont il faut se méfier. Considéré comme un homme du sérail, Abdelkader Bensalah est loin de refléter le changement voulu par le peuple. Et ce ne sont pas les salutations qu'il a adressées "à l'ensemble des catégories sociales qui ont participé de manière pacifique, digne et responsable aux marches successives qui ont animé la scène politique, depuis le 22 février passé", qui changeront la donne. Les Algériens, qui continuent de manifester en masse pour réclamer le départ des membres du "système", avaient clairement affiché leur refus de voir Abdelkader Bensalah prendre l'intérim. Les revendications ont porté, en particulier vendredi dernier par des millions de manifestants, sur le rejet de cette issue et se défaire et de Bensalah et de Belaïz, président du Conseil constitutionnel, ainsi que de Noureddine Bedoui, Premier ministre et de tout son gouvernement. Aujourd'hui, le pouvoir ne fait preuve d'aucune volonté politique d'aller vers le changement démocratique revendiqué par le peuple. La situation annonce la persistance de la crise et du bras de fer. La question qui reste donc posée est celle de savoir comment un président peut gouverner contre son peuple qui est dans la rue ? Comment un gouvernement sourd, dirigé par un Premier ministre contesté, peut-il être crédible ? Saïd Smati