La crise au sein du Front des forces socialistes (FFS) n'est pas près de connaître son épilogue. Les derniers développements l'y renforcent davantage et lui offrent toutes les possibilités de se corser. L'expulsion d'Ali Laskri par des militants qui ont occupé le siège national avant-hier, la tenue d'une session du conseil national pour exclure trois membres de l'instance présidentielle et la réaction de ces derniers n'augurent rien de bon au sein du plus vieux parti de l'opposition. Accusations mutuelles et attaques sans discernement entre les deux parties exposent, en effet, cette formation aux pires glissements. Les réactions d'après prouvent que les deux camps campent sur leurs positions et ne comptent surtout pas lâcher du lest pour laisser place au débat. Les résolutions du conseil national dont la session a été tenue au pied levé avant-hier ne laissent pas de doute sur l'engagement des membres de cette instance pour en finir avec le trio Laskri-Cherifi-Meziani. Le CN du FFS a annoncé "la révocation des deux membres de l'instance présidentielle de Mohand-Amokrane Cherifi et Ali Laskri". Face à cette situation, le conseil national annonce la mise sur pied d'un comité de transition chargé d'assurer le fonctionnement du parti, rappelant que les trois membres de l'instance présidentielle sont responsables "des exclusions expéditives et tous azimuts qui ont été abusivement prononcées à l'encontre des deux membres de l'IP (Hayat Tayatti et Sofiane Chioukh) et d'une vingtaine de cadres dont le P-APW de Béjaïa". Nous apprenons, par ailleurs, qu'un comité de coordination pour la préparation du congrès national ordinaire a été installé. Ce comité aura pour mission, outre la préparation du congrès, "la consolidation de la lutte politique dans le cadre des principes fondamentaux du parti". Mehenna Hadadou, P/APW de Béjaïa, a été nommé coordinateur de ce comité. De leur côté, les membres de l'instance présidentielle exclus ont fustigé les membres du conseil national qu'ils ont qualifiés de "baltaguis". Dans une déclaration signée par Ali Laskri, il est souligné que ceux qui ont occupé le siège "n'ont aucun lien organique avec le parti (…)". Ils ont accusé les militants qui ont occupé le siège avant-hier, d'avoir "forcé les portes du siège, détruisant tout sur leur passage, les portes, le mobilier, saccageant les voitures et agressant les militants qui s'y opposaient". "Derrière cette agression criminelle se cachent des forces hostiles à la position du parti en faveur du mouvement citoyen", ajoute le communiqué, informant qu'une plainte sera déposée "contre les auteurs des dégradations et leurs commanditaires". Le communiqué annonce, dans une allusion aux décisions du conseil national tenu le même jour, qu'elle frappe "de nullité toute rencontre, toute nomination non conformes aux statuts du parti et toute décision n'émanant pas de l'instance présidentielle dans sa majorité, conformément à l'article 47 des statuts". Il faut noter que les membres du conseil national contactés évoquent à l'unanimité "leur engagement" pour redonner "un second souffle au parti", dans cette période "charnière pour tout le pays". Ils estiment que leur action "n'est animée que par le souci de se réapproprier un instrument politique de lutte pour la démocratie", loin "de tout calcul clanique". Dans une lettre aux militants, l'ex-premier secrétaire national du parti, Hakim Belahcel, a évoqué "une situation dramatique, voire chaotique" qui prévaut au sein du parti, précisant que "c'est un constat amer mais ô combien réel". Il a ajouté qu'il est "profondément convaincu et même certain que cette crise interne est engendrée par des considérations souterraines que seul le temps politique dévoilera". Mohamed Mouloudj