L'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) est, semble-t-il, dirigée par deux directions. L'une, celle issue du 12e congrès, conduite par Abdelmadjid Sidi-Saïd, et l'autre composée de dissidents de la Commission exécutive nationale (CEN). Les deux instances préparent, chacune de son côté, un congrès. Sidi-Saïd,qui a démenti jeudi l'information selon laquelle il aurait démissionné, a annoncé la tenue du 13e congrès, conformément aux statuts de l'organisation, pour élire un nouveau SG. La commission de préparation de cette échéance élective a été installée et se réunira le 27 avril. Les membres de la CEN, réunis la semaine dernière à Oran, ont décidé d'avancer la date du congrès pour élire un nouveau SG en réponse au peuple qui demande le départ de Sidi-Saïd dont le mandat expire le 3 janvier 2020.D'autres membres de la CEN, opposants de Sidi-Saïd, qui seraient plus nombreux, selon eux, ont décidé, eux aussi, d'organiser un "congrès extraordinaire qui sera l'émanation de la volonté et des aspirations des travailleurs et des syndicalistes de la base", affirment-ils dans une déclaration. Ce courant de l'opposition au sein de l'UGTA est animé par plusieurs unions de wilaya, à l'instar de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Tlemcen, de Saïda… et de la Fédération des travailleurs de la mécanique et métallurgique électrique, de l'union locale de Rouiba, ainsi que des membres de la CEN, des milliers de syndicalistes qui ont pris part au rassemblement organisé mercredi dernier devant le siège de la Centrale. Ces syndicalistes ont prévu une réunion la semaine prochaine pour la "mise en place d'une commission souveraine de préparation du congrès extraordinaire, qui sera constituée de membres représentatifs de toutes les régions et de tous les secteurs socioprofessionnels ayant la confiance de la base des travailleurs", est-il mentionné dans ce communiqué. "Nous affirmons qu'aucun délégué ne participera au congrès sans mandat des travailleurs à travers le suffrage universel", est-il encore signifié. "Nous dénonçons les manœuvres du SG de l'UGTA et des membres du secrétariat national qui ont pour but d'organiser un congrès préfabriqué contre la volonté des travailleurs et des syndicalistes de la base", précisent ces frondeurs. Ces derniers affichent une farouche opposition à l'exécutif de l'Ugta et "rejettent les décisions de la mascarade de la réunion de la CEN d'Oran et toutes celles qui en découleront". Pour eux, "les membres du secrétariat national actuel, à leur tête Sidi-Saïd, ont perdu la confiance des travailleurs et des syndicalistes et sont, de ce fait, disqualifiés pour organiser le congrès. Leur démission reste une exigence indiscutable". Le SG de l'Ugta, faut-il le rappeler, a décidé de ne pas se présenter pour un autre mandat. Il n'a pu résister au vent de contestation qui souffle sur cette organisation depuis près de deux mois. Même s'il n'annonce pas son départ dans l'immédiat, il affirme, toutefois, qu'il ne va plus se porter candidat au poste de SG. "Je vous le dis tout de suite, je ne suis pas candidat. Je l'ai dit aujourd'hui à la CEN, je n'ai pas d'ambition. Ma seule ambition est d'aller vers un congrès de responsabilité dans une nouvelle dimension d'adaptation et de refondation", a-t-il déclaré en marge des travaux de la CEN, tenus à Oran.