Après que des soupçons et des doutes ont été émis sur le timing de l'ouverture de procédures contre des responsables et des hommes d'affaires, le parquet général a réagi, mais tardivement, pour démentir avoir agi sur injonction. Le parquet général de la cour d'Alger a affirmé dans un communiqué rendu public, jeudi dernier, n'avoir reçu aucune injonction pour ouvrir des dossiers de corruption visant plusieurs anciens hauts responsables et hommes d'affaires. Cette précision vient en écho à la mise au point du ministère de la Défense qui a démenti une quelconque ingérence dans les affaires judiciaires en cours. Le parquet général d'Alger a indiqué qu'il "accomplissait son devoir professionnel en matière de lutte anticorruption sans instigation de quelque partie que ce soit". Il a également certifié "se conformer scrupuleusement, dans toutes ses pratiques et/ou décisions, au secret de l'enquête et de l'instruction" et respecter "la présomption d'innocence consacrée par la Constitution en son article 56", en réunissant toutes les garanties de défense à travers les différentes étapes de l'action publique. Le parquet général d'Alger a expliqué que ses services ont "récemment reçu plusieurs signalements liés à des faits de corruption, et les ont soumis aux services de la Police judiciaire relevant des corps de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et de l'Office central de la répression de la corruption". Et d'assurer que toutes les enquêtes préliminaires diligentées par les services de la Police judiciaire "sont menées sous la direction des procureurs de la République territorialement compétents et sous la supervision du procureur général". Il a tenu à rappeler, dans ce sillage, que la lutte anticorruption est inscrite au titre "des priorités de la politique pénale que le parquet veille à mettre en œuvre" tout en appelant à "s'écarter des préjugés et à respecter le secret de l'enquête et la présomption d'innocence". Enfin, le parquet d'Alger a promis de fournir à l'avenir "les informations nécessaires et justes conformément à la loi" sur les affaires en cours de traitement. Si le parquet général affirme qu'il a agi en toute indépendance sur la base d'alertes dont ses services ont été destinataires dernièrement, il n'en demeure pas moins que le déclenchement de ces procédures judiciaires est intervenu au lendemain du discours du général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, annonçant l'ouverture des dossiers de corruption ayant porté préjudice à l'économie nationale. Certains hommes politiques et militants des droits de l'Homme avaient alors mis en garde contre le non-respect de la présomption d'innocence et l'engagement de poursuites sélectives qui épargnent les ordonnateurs de la corruption et ceux qui ont financé des projets fictifs ou non rentables avec l'argent du Trésor public. En somme, ceux qui ont permis de commettre les infractions à la loi. Une crainte justifiée dans un contexte de trouble qui rend extrêmement compliqué le passage à une transition démocratique, tel que souhaité par le peuple, susceptible de garantir une totale liberté d'action de l'appareil judiciaire.