RESUME : La leçon de morale du policier pousse Nawel à partir. Il lui a collecté une somme d'argent auprès de ses collègues. L'argent en poche, Nawel se rend à la gare routière. Elle a pris la décision de se séparer de son bébé… Nawel n' a aucune envie de confier son bébé à sa mère et encore moins à sa belle-mère. Rien ne peut changer sa décision. Au point où elle en est, elle se dit qu'elle n'a plus le choix. Elle doit abréger ses souffrances. Elle ne peut plus traîner d'une rue à une autre ou d'une ville à l'autre. Elle n'a plus de vie. A cause d'elle, son bébé n'en a plus. Elle a fait le mauvais choix, elle n'aurait pas dû partir. Maintenant, elle n'a pas où aller. Elle avait cru que ce serait facile de donner un nouveau départ à sa vie. Depuis que sa belle-famille est entrée dans sa vie, elle n'a pas connu la paix. Comment ne pas aspirer à mettre fin à sa vie ? Toutes les portes lui sont fermées et aucun espoir ne la retient. Pas même son enfant. Elle ne lui a rien apporté de bon. Il s'en sortira mieux sans elle. Elle en est convaincue. Nawel décide de souffler un peu. Elle s'assoit sur les marches de l'entrée d'un jardin public. Elle garde son bébé serré contre son cœur. Les larmes qu'elle verse n'échappent pas aux regards des passants. Une femme âgée s'arrête à sa hauteur. - Vous avez des problèmes ? lui demande-t-elle. Est-ce que je peux vous aider ? - Hélas, non… - Votre mari vous a mis à la porte demande-t-elle. Vous n'avez pas où aller ? Je vous propose de venir vous reposer chez moi… - Merci… Mon bébé a besoin d'une toilette et de dormir ailleurs que dans son landau, soupire Nawel, en prenant ses affaires. Merci encore. - J'ai déjà connu ça, confie l'inconnue. Quand je vous ai aperçue avec votre bébé et vos affaires, je me suis revue dans la rue après m'être bagarrée avec mon mari - Vous n'êtes pas allée chez vos parents ? - Non, ils habitaient loin et j'étais partie sans prendre un sou, lui confie-t-elle. Je ne pouvais pas mendier. J'ai passé quelques heures dehors. Un temps suffisant pour donner une peur bleue à mon mari. Il a eu peur pour nous. Je suis sûre que votre mari doit l'être aussi. Nawel le sait aussi. Seulement, cela fait plusieurs jours qu'elle est partie et sa famille allait soulager sa conscience en lui rappelant qu'elle est mauvaise et indigne. Ils ont tous raison sauf elle. - Au fait, moi, c'est Fatma-Zohra. Nawel se présente à son tour. Elles arrivent chez Fatma-Zohra, un vieux bâtiment, mais l'intérieur est bien entretenu. Nawel prend place au salon et accepte de déjeuner avec son hôtesse. Son bébé dort et elle n'a pas le cœur de le déranger dans son sommeil. Fatma-Zohra, qui veut en savoir plus sur elle, discute pour la mettre en confiance. - Je suis restée dans la rue, quelques heures, dit-elle. Et j'y ai vu des scènes à donner la chair de poule. Ma vie dans la rue a été un enfer. Il vaudrait mieux que tu fasses comme moi. En rentrant chez toi, malgré les problèmes qu'il peut y avoir, vous vous mettez à l'abri des dangers de la rue. Est-ce que tu comprends ? - Oui, je vais appeler mon mari pour lui dire où je suis, dit Nawel en se levant. Est-ce que vous pouvez garder un œil sur mon bébé ? - Tu n'a pas besoin de sortir pour appeler, j'ai un téléphone dans la cuisine, répond Fatma-Zohra. Tu n'as qu'à appeler d'ici. - Non, j'ai envie d'appeler d'un taxiphone. - Il y a un à l'entrée du quartier. Fatma-Zohra n'a pas insisté, elle comprend son envie d'être seule pour parler à son mari. Elle regarde Nawel prendre de l'argent de son sac puis embrasser son bébé avant de se diriger vers la sortie. - Prenez bien soin de lui, c'est un adorable petit. - Mais, bien sûr. Nawel lui saute au cou et l'embrasse sur les deux joues puis part presque en courant. Fatma-Zohra retourne au salon, le bébé s'est réveillé en pleurant. Elle le prend dans les bras pour le rassurer. - Ne pleure pas, maman va bientôt rentrer. Elle ne commence à s'inquiéter qu'au bout d'une demi-heure. Nawel tardait à rentrer… (A suivre) A. K. [email protected]