Des dizaines de milliers de personnes ont répondu, hier, à l'appel du "hirak". Cette mobilisation est en soi une réponse cinglante des Annabis à ceux qui n'ont cessé d'annoncer ces derniers jours l'essoufflement du mouvement populaire. En se rassemblant massivement avant et après la prière du vendredi sur le Cours de la Révolution, les habitants de la ville côtière, auxquels se sont joints ceux de Seraïdi, d'El-Bouni, de Sidi Amar et d'El-Hadjar, ont démontré que leur détermination à débarrasser le pays de ceux qui l'ont ruiné est intacte. Brandissant des banderoles et parés d'habits vert, blanc et rouge, les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux tenants du pouvoir. Impressionnants, femmes et hommes de différents âges et de toutes conditions sociales ont crié leur refus de voir des proches du président déchu aux commandes de l'Algérie, ne serait-ce que pour une période transitoire. Comme ils l'ont fait unanimement, depuis le 22 février dernier, les protestataires ont réclamé que la justice s'autosaisisse et demande des comptes aux oligarques et à tous les hauts responsables qualifiés de "bande de malfaiteurs" et qui se sont enrichis durant le règne de Bouteflika. Bien qu'ils se disent toujours solidaires avec l'Armée nationale populaire, les gens du peuple en voulaient, hier, au général-major Ahmed Gaïd Salah, en particulier. Les marcheurs en colère reprenaient, en effet, en chœur et à intervalles réguliers : "Ya l'Gaïd ma chefna oualou", en écho aux désormais célèbres "Tetnehew gaâ" et "Khrabtou lebled ya saraqin". A. Allia