En plus du départ des trois responsables, les manifestants réclament des comptes et des poursuites judiciaires. Comme il fallait s'y attendre, la mobilisation citoyenne a été, encore une fois, au rendez-vous hier à Bouira. La rue ne décolère pas. Des marches réclamant le départ des trois personnes «symbolisant» le système – le Premier ministre Bedoui et les deux présidents du Conseil de la nation et du Conseil constitutionnel, Bensalah et Belaïz – ont été organisées par le personnel de plusieurs administrations publiques. Les travailleurs de la Cnas, Casnos, des Domaines, Impôts, ADE et APC ont manifesté dans les rues de la ville. Le maintien du gouvernement, synonyme de provocation, a été également rejeté par la rue. Les marcheurs, pancartes et banderoles brandies, ont à l'unanimité revendiqué le départ inconditionnel des trois «personnages» et des membres du gouvernement. «Yetnahaw ga3. Yethasbou ga3», ont-ils scandé. Les manifestants, qui ont hissé à la fois le drapeau national et l'emblème amazigh, ont aussi réclamé la dissolution immédiate des partis au pouvoir, le FLN et le RND en l'occurrence. «FLN, RND dégagez !» «Klitou lebled ya saraqine», tout en réclamant des comptes : «Le peuple demande justice, des comptes et des sanctions à l'encontre des gangs qui ont spolié les richesses du pays», et ce, à travers des pancartes ou des slogans hostiles à Saïd Bouteflika, frère du Président sortant. D'autres manifestants ont, par ailleurs, brandi des pancartes invitant le chef d'état-major, Gaïd Salah, à ne pas s'immiscer dans la politique. «Ya Gaïd occupe-toi des frontières, nous nous occupons de la politique», lit-on sur la pancarte d'un manifestant. La démission forcée de Abdelaziz Bouteflika n'a pas fait fléchir la mobilisation citoyenne qui, vraisemblablement, réclame et demande plus. Même si les slogans scandés et portés sur des pancartes sont mitigés, le départ de Gaïd Salah reste aussi une revendication populaire : «Goulna ga3, c'est ga3» (Nous avons dit tous, c'est tous). Il faut préciser que la quasi-totalité des administrations publiques sont restées paralysées par les mouvements de grève. A l'université Akli Mohand Oulhadj, les examens du deuxième trimestre ont été boycottés par les étudiants et les enseignants, a-t-on précisé. L'administration manipule Fidèle à ses pratiques de division visant essentiellement à induire en erreur l'opinion publique, l'administration locale continue de véhiculer, et ce, à travers ses relais, la nécessité de dégager des représentants du mouvement populaire. Les débats stériles auxquels s'adonnent certains «envoyés et délégués spéciaux» de l'administration témoignent de la «véracité» du message que voulaient encore faire passer les subalternes de Bedoui.