"Alors que des pays étrangers lui déroulent le tapis rouge pour le convaincre d'investir chez eux, Issad Rebrab est victime d'une caste de prédateurs dans son propre pays", a déploré un des organisateurs de la marche. La marche populaire organisée, jeudi dernier, à Béjaïa, par la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques, en soutien à Issad Rebrab, injustement incarcéré depuis le 22 avril dernier, a drainé plusieurs dizaines de milliers de personnes. Outre les travailleurs de Cevital, issus des différentes filiales du groupe, des personnalités politiques, des parlementaires et des élus locaux, des militants des droits de l'Homme, des acteurs de la société civile, des étudiants, des femmes et autres citoyens lambda ont pris part à cette manifestation. Il était 10h30, lorsqu'une foule compacte, rassemblée devant le siège du complexe Cevital, dans l'arrière-port de Béjaïa, commence à se scinder en carrés pour entamer une marche, longue de quatre kilomètres environ. Brandie par le premier carré, une banderole géante portant la photo du président de Cevital annonce la couleur : "Libérez Dda Issad Rebrab, injustement incarcéré." Au premier rang de la procession, il y avait le président de la JSK, Chérif Mellal, le porte-parole de la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital, Mourad Bouzidi, le député démissionnaire Khaled Tazaghart, l'ancien député du FFS et figure emblématique du Mouvement culturel berbère (MCB), Djamel Zenati, ainsi que les deux parlementaires du RCD, Atmane Mazouz et Nora Ouali. À côté de l'emblème national et du drapeau de l'amazighité, le portrait du patron de Cevital flottait sur tout l'itinéraire de la marche. "Libérez Rebrab, arrêtez Saïd (Bouteflika)", "Rebrab innocent, Saïd plein de sang !", "Assa, azekka, Cevital, yella yella" ont été les principaux slogans scandés par les manifestants. Arrivée devant le siège du Palais de justice, à la cité Tobbal, la procession humaine marquera une halte. Sur un camion équipé d'un matériel de sonorisation, Mourad Bouzidi lance à tue-tête : "La date du 22 avril 2019 restera une journée sombre dans l'histoire de l'Algérie. C'est la date à laquelle on a osé jeter en prison Issad Rebrab, un homme innocent qui a permis à l'Algérie de passer de pays importateur à pays exportateur. On a tout fait pour casser ce capitaine d'industrie qui veut faire sortir notre pays de sa dépendance des hydrocarbures, à travers son projet d'usine d'eau ultra-pure, unique au monde. Alors que des pays étrangers lui déroulent le tapis rouge pour le convaincre d'investir chez eux, Issad Rebrab est victime d'une caste de prédateurs dans son propre pays !" Et la foule chauffée à blanc se met à scander de nouveau : "Libérez Rebrab, jugez Saïd !" Quelques minutes plus tard, la marche se dirige vers le siège de la wilaya, en passant par le quartier de Naceria et la cité CNS. Vers 12h30, les marcheurs arrivent au bout de leur parcours. Ils se rassemblent devant le portail du siège de la wilaya bordant la rue de la Liberté. Mourad Bouzidi remonte sur la benne du camion pour, encore, s'adresser à la foule. Après avoir remercié tous ceux qui ont répondu à l'appel à la mobilisation du jour, l'orateur rappellera que "l'incarcération d'Issad Rebrab vise à diviser le peuple algérien et à briser sa révolution pacifique". Avant de céder la parole aux autres intervenants, M. Bouzidi a fait le serment que "tant que Dda Issad Rebrab est en prison, nous n'allons pas nous taire. La mobilisation citoyenne se poursuivra jusqu'à sa libération". KAMAL OUHNIA