La marche pacifique à laquelle ont pris part plusieurs milliers de personnes se veut un soutien au patron de Cevital, mais aussi une dénonciation vive de sa détention préventive dans la nuit de lundi à mardi. "Libérez Rebrab, arrêtez Saïd (Bouteflika)", tel est le slogan qui revenait tel un leitmotiv, hier, dans la bouche des milliers de manifestants ayant pris part à la marche pacifique organisée dans la ville des Hammadites par le collectif des travailleurs du complexe Cevital de Béjaïa, en signe de soutien au patron du groupe industriel privé, Issad Rebrab, qui avait fait l'objet, la veille, d'un mandat de dépôt à Alger. C'est vers 13h que la manifestation initiée par les employés de Cevital a démarré depuis le complexe agroalimentaire, sis à l'arrière-port de Béjaïa, aux cris de "Assa Azekka, Dda Issad yella yella", "Libérez Rebrab, arrêtez Saïd", "Pouvoir assassin", "Système dégage"… Après avoir sillonné la route de l'arrière-port et traversé celle de Sétif, la procession s'est dirigée vers le siège de la cour de Béjaïa, situé à la cité Tobbal, où la foule marquera une halte pour tenir un rassemblement devant l'entrée principale du palais de justice. Une minute de silence à la mémoire des victimes de l'effondrement d'un immeuble vétuste au quartier populaire de la Casbah d'Alger sera observée par les manifestants. Perchés sur la benne d'un camion, le militant Mourad Bouzidi et le député démissionnaire Khaled Tazaghart se sont relayés au micro pour fustiger le pouvoir qui "veut semer la discorde en Kabylie", à travers l'arrestation "injuste et arbitraire" du premier investisseur privé à l'échelle nationale. Les mots d'ordre lancés par les deux orateurs à l'aide d'un mégaphone, tels que "Libérez Rebrab", "Arrêtez les criminels", "Pouvoir assassin", "Système dégage", ont été repris en chœur par une foule survoltée. Parmi les slogans écrits sur les banderoles et autres pancartes arborées par les marcheurs, on peut citer : "Libérez immédiatement Issad Rebrab, créateur de richesses et d'emplois", "L'Algérie sous mandat de dépôt", "Nous sommes tous Rebrab", "Où est la véritable îssaba ?", "Emprisonnez les criminels. Pas ceux qui constituent une menace pour vous", "Celui qui a importé une machine en prison, ceux qui ont importé de la cocaïne en liberté", "Non à l'application d'une justice régionale", "Non à un Etat de non-droit"… L'arrivée tardive des travailleurs du groupe Cevital, exerçant dans la wilaya de Bouira, a poussé les organisateurs de la manifestation à prolonger leur marche. Ainsi, Mourad Bouzidi invite la foule — qui voit ses rangs grossir à mesure que le temps passe — à battre le pavé depuis le palais de justice jusqu'au siège de la wilaya, en passant par le quartier de Nacéria. Ce qui a permis à de nombreux citoyens et militants politiques, notamment ceux du RCD, à rejoindre la manifestation. Même le brave policier Zahir Malaoui, qui avait défrayé la chronique nationale en participant à la marche historique du vendredi 15 mars dernier, à Béjaïa, a tenu à prendre part, hier, à la manifestation organisée en soutien au P-DG du groupe Cevital. Au bout d'un parcours de quelque trois kilomètres, la foule se masse devant le siège de la wilaya, où elle observera un autre rassemblement au cours duquel, elle scandera à tue-tête les mêmes slogans appelant notamment à la libération immédiate et inconditionnelle du patron de Cevital, dont la réputation dépasse nos frontières.