Les marches estudiantines d'hier dissipent tous les doutes, redonnent l'espoir et prédisent une mobilisation forte pour les jours à venir. La réplique des universitaires est sans équivoque. Les étudiants n'ont pas raté leur rendez-vous hebdomadaire. En effet, ils étaient, hier, plusieurs milliers à descendre dans la rue pour réclamer le départ du système. Plus d'une dizaine de marches depuis le soulèvement citoyen, les étudiants n'ont jamais cessé de marquer la journée du mardi comme rencontre habituelle pour appuyer les revendications du peuple. Ni la chaleur inhabituelle d'hier et encore moins les aléas dus au jeûne n'ont dissuadé les étudiants de battre le pavé de nos villes pour réclamer, encore une fois, le départ du système, le refus de ses manœuvres et le rejet de sa feuille de route. La mobilisation est restée intacte, intense et déterminée. En grève depuis plusieurs jours, les étudiants ne sont pas restés en rade de la mobilisation de rue. Ils se sont impliqués fortement dans le mouvement. Les cours sont, certes, séchés, mais la lutte est revivifiée. Ils ont redonné à l'université ses lettres de noblesse en agissant au cœur du soulèvement. Marches, débats et discussions, l'université s'est affranchie de sa monotonie et de sa dépolitisation imposée. Elle est redevenue le lieu du savoir, des idées et de la contestation. L'engagement et la témérité des étudiants dans la contestation raniment la mobilisation en ce mois de carême, alors que les aventuriers pensaient que le fléchissement de la rue surviendra en ce mois de Ramadhan. Point de tout cela. Les marches d'hier des étudiants ont montré que l'engagement du peuple est sans faille, sans concession, mais aussi sans répit. Dans plusieurs villes du pays, les étudiants ont pris possession de la rue pour réitérer les revendications du peuple. À Alger, Tizi Ouzou, Mostaganem, Constantine, Oran, Bouira, Boumerdès, Béjaïa, Oum El-Bouaghi…, d'une même voix et comme un seul homme, les étudiants se sont dressés contre les manœuvriers de tout acabit. "Même à jeun, nous restons mobilisés." C'est ce slogan que les étudiants ont scandé à tue-tête, hier, pour dire leur détermination à aller de l'avant, leur volonté à continuer à se battre, mais aussi leur engagement à montrer le chemin de la lutte. La mobilisation des étudiants est comme un test pour le grand rendez-vous de vendredi prochain. Hier, tous les regards étaient braqués sur les universités. D'aucuns craignaient l'affaiblissement de la mobilisation à l'occasion des marches hebdomadaires des étudiants. Mais c'était sans compter sur la résolution et l'audace des étudiants pour maintenir vivace la flamme de la lutte. Les marches estudiantines d'hier dissipent tous les doutes, redonnent l'espoir et prédisent une mobilisation forte pour les jours à venir. La réplique des universitaires est sans équivoque. Ils réclamaient le départ de tous sans exclusive. "Le peuple n'est pas naïf", criaient-ils, pour signifier qu'aucun rafistolage n'aura raison du mouvement. Comme pour marquer l'action, de nouveaux slogans ont fait leur apparition, hier. Les affaires de justice, les arrestations, les consultations, l'élection du 4 juillet, entre autres, étaient traitées par les manifestants. Sans concession, les étudiants ont réaffirmé leur refus de la feuille de route du pouvoir, de ses initiatives, de la justice-spectacle et des arrestations surprenantes. Les manifestations d'hier sont ainsi une réplique cinglante à l'obstination des hommes du système, mais aussi un avant-goût de ce que sera la mobilisation de vendredi. Elle promet d'être grande et vive. La réussite des marches estudiantines, hier, met fatalement fin aux élucubrations de ceux qui misaient sur l'essoufflement du mouvement à l'usure. Sans incident et sans dépassement, les étudiants ont montré la voie. Comme un cours méthodique, les manifestations d'hier enseignent, dans la pratique, comment les mobilisations se maintiennent et comment les luttes se perpétuent. Mohamed Mouloudj