Pour la première fois depuis le début du soulèvement populaire exigeant le départ de tous les symboles du système en place, Tlemcen, intimement associée à l'événement depuis le début, s'est affichée par l'organisation ce vendredi d'un iftar géant à la place Emir-Abdelkader, face à la grande mosquée. Des citoyens ont spontanément accepté de mettre la main à la poche pour financer les mets chauds et les desserts offerts aux manifestants, dont certains venus des communes avoisinantes ont été invités à partager l'iftar. Ce fut un moment de solidarité exceptionnel lorsque, à l'appel du muezzin, tous les hôtes ont rompu le jeûne ensemble avec des dattes et du lait. La fameuse hrira, mets réputé de la cité des Zianides, a été soigneusement préparée par les mains expertes des Tlemcéniennes qui ont voulu à leur manière apporter leur contribution à cette action de générosité et de partage. Ce repas collectif, servi sous une immense étoffe blanche et verte, a suscité la curiosité de nombreux citoyens qui pressaient le pas pour être, eux aussi, au rendez-vous chez eux au moment de la rupture du jeûne. Sur les tables dressées l'une à côté de l'autre, il y avait salade, bourek, viande hachée mijotée au four, poulets et frites, boissons gazeuses à volonté et bananes au dessert. Pour garder un souvenir de ce moment mémorable, chacun y est allé de son selfie. Photos et vidéos ont d'ailleurs été abondamment partagées sur facebook. Les initiateurs de cette opération, de simples citoyens de la ville, ont décidé de renouveler l'invitation publique pour un autre iftar collectif vendredi prochain. À chaque moment important du rendez-vous avec l'histoire, l'esprit de solidarité et de convivialité est perceptible au sein de la société. Cet iftar en est un exemple. On pourrait aussi parler de ces élèves scolarisés dans les collèges de la banlieue qui ont mis à profit le mouvement de révolte pour mettre en valeur leur esprit créatif, en prenant l'initiative de procéder au ravalementdes façades et au décor de leurs établissements là où l'administration a hésité à le faire. Ecoles, lycées et centres de formation offrent un nouveau look avec en sus des tableaux peints sur les murs avec des inscriptions à l'encre de Chine appelant à l'instauration d'une nouvelle république. C'est une véritable contagion qui a touché le milieu juvénile puisque, un peu partout, foisonne ce genre d'initiatives associant garçons et filles qui ont trouvé là le moyen d'expression qui leur sied.