Le président de l'Assemblée populaire, Mouad Bouchareb, est acculé dans ses derniers retranchements. Aucune alternative à sa démission ne lui est laissée par sa famille politique, mais aussi les anciens coalisés autour du programme du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Le FLN a réussi, selon ses parlementaires, à rallier à sa démarche les élus du RND, de TAJ, du MPA et des indépendants. D'autres députés affirment que l'adhésion à la pétition, visant à écarter Bouchareb des commandes de la Chambre basse sans recourir aux méthodes musclées utilisées contre son prédécesseur Saïd Bouhadja, est relative. La démobilisation générale, induite par une conjoncture politique confuse et une montée en puissance de l'insurrection populaire, sert, toutefois, les desseins du FLN. "Les députés viennent de temps à autre faire un petit tour à l'APN, et puis s'en vont", raconte un élu RND. De son point de vue, il n'est pas très sérieux de déstabiliser l'institution, déjà fortement discréditée au regard de l'opinion publique, par un deuxième changement impromptu à sa tête en six mois. Quels que soient les avis et les motivations, les jours de Bouchareb à la présidence de la première Chambre du Parlement sont bel et bien comptés. "Il n'a pas d'autres choix que de démissionner", relève Fouad Sebouta, sénateur FLN. Il avance, pour argument, le refus des députés du vieux parti de travailler sous sa houlette. Deux vice-présidents et quatre présidents de commissions permanentes ont publiquement annoncé le boycott des réunions qu'il convoquera. Le groupe parlementaire FLN a décidé de déserter les travées de l'hémicycle Zighoud-Youcef à chaque plénière qu'il présidera. Il a mis son plan à exécution, jeudi dernier, lors d'une séance consacrée aux questions orales à laquelle uniquement treize députés ont participé. Dans ce sillage, le SG du FLN, Mohamed Djemaï, s'échine à l'isoler davantage, ainsi que ses hommes. Il a nommé, hier, le député de Tiaret, Bouriah, à la tête du groupe parlementaire. Aucune deadline n'est fixée à Mouad Bouchareb pour quitter ses fonctions, selon nos interlocuteurs. À quelques encablures de l'APN, Salah Goudjil vit également des moments pénibles en sa qualité de président par intérim du Conseil de la nation. Doyen des sénateurs (88 ans révolus), il a remplacé, conformément aux dispositions du règlement intérieur de la Chambre haute, Abdelkader Bensalah, au lendemain de l'activation de l'article 102 de la Constitution par le Parlement réuni en ses deux Chambres le 9 avril dernier. L'intérim ne devait durer que quinze jours, le temps d'élire un nouveau président du Sénat par ses pairs. L'homme ne veut pas céder la place, à en croire ses collègues. Les groupes parlementaires FLN, RND et du tiers présidentiel font le forcing, depuis quelques jours, pour la normalisation rapide de la situation au Conseil de la nation. Souhila Hammadi