Ce second vendredi des manifestations contre le système depuis le début du Ramadhan a drainé encore plus de monde que le vendredi précédent à Tizi Ouzou où une marée humaine a déferlé sur la ville pour réaffirmer d'une seule voix le rejet de la présidentielle du 4 juillet et surtout son attachement à la revendication populaire, à savoir le départ du système en entier, y compris le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. À Tizi Ouzou, beaucoup craignaient que la mobilisation serait faible après le match joué en nocturne par la JSK contre l'USMA et qui s'est achevé tard dans la nuit. Mais il n'en fut rien. Comme à l'accoutumée, il n'était pas encore 13h lorsqu'une foule compacte s'était déjà formée devant l'entrée du campus Hasnaoua où hommes, femmes, vieux, jeunes et moins jeunes reprenaient déjà en chœur, dans une espèce de répétition générale, les nouveaux slogans de ce 13e vendredi de mobilisation pour le départ du système. "Daoula madania, matchi aâskaria" (Etat civil et non militaire), "Makache intikhabate yal îssabate, makache initikhabate ya el-Gaïd" (pas d'élection avec la bande, pas d'élection Gaïd Salah), scandait-on, exprimant, ainsi, un rejet en bloc de la solution à la crise que les tenants du pouvoir veulent imposer. La marche s'ébranle peu après 13h, et ses rangs ne faisaient que grossir au fil de son avancée vers le centre-ville. D'importants groupes se tenant à l'ombre rejoignaient peu à peu la foule. Des fidèles, à la finde la prière, venaient, eux aussi, grossir les rangs. Au centre-ville, la foule des grands jours s'est emparée de la grande artère. Elle n'a rien à envier aux vendredis d'avant le Ramadhan. Elle alternait alors entre les "Y en a marre de ce pouvoir", "Klitou lebled ya sarraqine", "Chaâb mrebbi oua daoula khayna", et les nouveaux slogans contre l'élection du 4 juillet. Sur de nombreuses banderoles et pancartes brandies tout au long de la marche, on pouvait lire : "Gaïd Salah a trahi le peuple avec l'article 102", "Non au recyclage du système", "Non à des élections supervisées par des fraudeurs. Nous voulons un Etat de droit", "Peuple héros, pouvoir zéro", "Le peuple exige le départ d'el-îssaba : Bensalah, Bedoui…", "Nous refusons de plier. Pour une Algérie meilleure et une démocratie majeure", "Libérez le patriote de l'économie : Issad Rebrab", ou encore "Non à l'élection du 4 juillet, oui à une transition dirigée par le peuple", "Y en a marre de ton mensonge Gaïd Salah" et "Ceux qui sont à l'origine de la crise ne peuvent la résoudre, Gaïd Salah, tu en fais partie, tout le système doit dégager". Samir LESLOUS