Malgré les effets de la fatigue et de la soif du mois de Ramadhan conjugués à un soleil de plomb, les marcheurs du Hirak à Annaba ont tenu à marquer de leur présence le 12e vendredi, coïncidant avec le mois de jeûne. Certes, ce n'est pas les grandes foules des 9 premières semaines, dépassant largement la centaine de milliers de personnes, mais plus que celles des deux derniers week-end, qui ont fait craindre une démobilisation pour le mois de carême. Une fois cette crainte dissipée, les marcheurs, qui ont investi le cours de la Révolution par dizaines de milliers, drapés de l'emblème national à côté des drapeaux amazighs et palestiniens, criaient à tue-tête leurs slogans habituels : « FLN dégage, RND dégage, Bensalah dégage, Bedoui dégage », « Klitou leblad ya sarraqine », « Silmiya, silmiya, intifadha chaâbia » (pacifique, notre intifadha est populaire). De nouveaux mots d'ordre ont fait leur apparition. Il y avait : « La tazouir, la fassad, la takhrib el bilad » (non à la manipulation, à la corruption et à la destruction du pays), « Ya nidham el issabat makanach lentikhabat » (il n'y aura pas d'élections, bande de voleurs). On a même entendu des voix qui criaient : « Ya kaïd El Arkane badel el bayane » (chef d'état-major, change ton communiqué) « Gaïd Salah hami el issaba » (Gaïd Salah protège la bande) et « Gaïd Salah dégage ». Sur les banderoles et autres pancartes hissées par les manifestants, on pouvait lire : « Sa'imoun, samidoun fi el massira da'iman sa'iroun » (jeûne ou pas, nous poursuivrons notre résistance à travers nos marches), « Le peuple veut le 7e et le 8e », en référence aux articles de la Constitution instituant la souveraineté du peuple dans la décision du régime politique de son choix. Les manifestants ont battu le pavé pendant des heures, avant de se disperser dans le calme habituel sans une intervention de la police dont la présence était discrète aux alentours du cours de la Révolution. L'élément féminin, qui était durant tous les vendredis précédents en force, presque à égalité avec celui masculin, s'est fait remarquer, ce dernier vendredi, par une certaine faiblesse. Et pour cause, des ménagères qui se sont déclarées de tout cœur avec les marcheurs et leurs revendications, étaient occupées à préparer la chorba et le bourek du f'tour. A. Bouacha