Dans son message aux étudiants, à l'occasion du 19 Mai, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, n'a fait aucune allusion à l'échéance électorale du 4 juillet. à quatre jours de la clôture des délais réglementaires pour le dépôt des dossiers de candidature pour l'élection présidentielle projetée pour le 4 juillet, aucun dossier de candidature n'a été encore déposé. Et rien n'indique que d'ici à vendredi cela sera fait. Alors que le Conseil constitutionnel a fixé le jeudi 23 comme dernier délai pour le dépôt des dossiers de candidature (conformément à l'article 140 du code électoral), les deux candidats "sérieux" qui postulent à cette élection ne savent toujours pas s'ils vont candidater ou pas. Contacté par téléphone, Belkacem Sahli, secrétaire général de l'ANR, avoue que la question n'est pas tranchée. "Nous sommes toujours au stade de la collecte des signatures. Nous avons opté pour les parrainages d'élus faute de temps", a-t-il indiqué. Selon lui, le compte sera définitif vers mercredi. Son parti, aidé par d'autres formations politiques regroupées dans le groupe des 15 des organisations qui soutenaient Abdelaziz Bouteflika, "va récolter les 600" signatures d'élus, nécessaires à valider une candidature à l'élection présidentielle. Pourtant et malgré cette situation, le secrétaire général de l'ANR n'est pas certain de vouloir aller jusqu'au bout de sa démarche. "La décision de participer ou pas dépend de la réunion, mercredi, du conseil national. Mais je rappelle que lorsque nous avons retiré les formulaires, j'avais dit que notre participation était soumise à plusieurs conditions, à savoir l'adhésion populaire, la démission de Noureddine Bedoui, celle du président illégitime de l'APN, la mise en place d'une commission de préparation des élections et la révision de certains articles du code électoral", a-t-il rappelé. Jusqu'à présent, aucune de ces conditions n'est satisfaite. Belkacem Sahli va-t-il donc renoncer à se porter candidat ? Tout porte à le croire, même si la décision définitive n'est toujours pas annoncée. L'autre concurrent, qui ne trouve pas de difficulté particulière à récolter les parrainages nécessaires, est Abdelaziz Belaïd. Son parti, le Front El-Moustakbal, dispose de suffisamment d'élus pour franchir ce cap constitutionnel pour pouvoir briguer la magistrature suprême. Pourtant, ni le candidat ni son entourage ne savent s'ils déposeront le dossier de candidature ce jeudi. Contacté par téléphone, Abdelaziz Belaïd avoue "ne pas être au courant" de l'avancée de son dossier. Il était "avec les malades" dans sa clinique, située sur les hauteurs d'Alger. Son entourage n'en savait pas plus. À quelques jours de la date limite du dépôt des dossiers de candidature, personne ne sait si celui qui veut capter "la majorité silencieuse" sera candidat à l'élection présidentielle. Rejet unanime de la classe politique et des Algériens Cette incertitude des rares candidats connus qui ont osé retirer les formulaires de candidature s'ajoute au rejet quasi unanime de la classe politique. Des figures du mouvement populaire jusqu'aux principaux dirigeants des formations politiques de l'opposition, tout le monde dénonce "l'entêtement du pouvoir à organiser l'élection présidentielle le 4 juillet", comme l'ont dit le RCD et le FFS. L'ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, qui vient de joindre sa voix à ceux qui veulent négocier directement avec l'armée, pense que le scrutin du 4 juillet prochain n'a plus de sens. Il a rappelé, dans une déclaration hier à la radio nationale, que cette échéance "est rejetée par le peuple", estimant que "son agenda politique ne s'impose pas et un problème d'ordre juridique et politique se pose pour son organisation, d'où l'impossibilité de sa tenue dans la conjoncture actuelle, faute de quoi elle sera une présidentielle sans peuple". L'ancien président du RCD, Saïd Sadi, a lui aussi mis en garde contre la tenue d'une élection présidentielle dans les conditions actuelles. "Les cercles occultes, qui ne disparaîtront pas du jour au lendemain, peuvent activer (des) prérogatives exorbitantes (que détiendrait un président élu dans les conditions actuelles, ndlr) pour faire pression sur le futur président en vue d'avoir la main sur une gestion autoritaire et hors de contrôle. Dans tous les cas de figure, la présidentielle, organisée dans ces conditions, conduira inévitablement à un détournement, voire un reniement de la révolution avec les conséquences délétères que peut engendrer un tel dépit dans le pays et sur toute la région nord-africaine", a-t-il écrit dans une nouvelle tribune rendue publique hier. Ces données confirment que, sauf miracle, l'élection présidentielle projetée pour le 4 juillet n'aura pas lieu. En plus de l'impossibilité d'organiser le scrutin et de l'absence de concurrents, le rejet des Algériens d'une élection organisée par le système Bouteflika est un handicap majeur face à l'entêtement du pouvoir d'aller coûte que coûte vers cette échéance. La préoccupation de l'heure est ailleurs. De plus en plus éloignée de la présidentielle. Des propositions de solutions politiques de sortie de la crise sont émises, elles vont toutes dans le sens du dépassement de l'échéance constitutionnelle du 4 juillet prochain. Et comme il fallait un indice "officiel" annonçant qu'on se dirige vers l'annulation de l'élection présidentielle, le "message" adressé hier par Abdelkader Bensalah aux étudiants ne mentionne aucune référence à l'élection présidentielle du 4 juillet. Il s'est contenté d'évoquer "une étape" dans laquelle les Algériens "pourront choisir librement leurs dirigeants". Ali Boukhlef