Le général à la retraite Hocine Benhadid a été présenté hier matin devant le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed pour être entendu au fond de l'affaire qui a conduit à son placement en détention préventive le 12 du mois en cours. Il est apparu très fébrile, soutenu par deux policiers. Cette nouvelle poursuite judiciaire engagée à son encontre s'appuie sur la lettre publiée, le 25 avril dernier, dans les colonnes du quotidien El Watan dans laquelle il exhortait le chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, de sortir du giron constitutionnel pour régler la crise que traverse le pays. "La solution constitutionnelle vient de montrer ses limites et les scandales financiers continuent à défrayer la chronique. Le cantonnement dans une solution exclusivement constitutionnelle ne peut que prolonger la survie politique d'un système honni par toute une nation", avait-il écrit. Hier, le juge d'instruction l'a interrogé pendant trois heures sur les "motivations qui l'ont conduit à écrire cette lettre et quels dividendes il comptait tirer de sa publication", a-t-on appris de sa défense, qui précise que son client a déclaré que "son intention était de soutenir le chef d'état-major et de ne pas le laisser seul". Il a maintenu, en revanche, sa première appréciation, à savoir que la solution à la crise du pays est politique et non constitutionnelle. La chambre d'accusation devra statuer mercredi prochain sur l'appel contre le mandat de dépôt introduit par son avocat Me Bachir Mecheri. "S'il n'est pas libéré, il est fort possible qu'il meure en détention. Il est rentré en marchant et la dernière fois que je lui ai rendu visite en prison, il s'est présenté au parloir sur une chaise roulante. Ce sera le deuxième assassinat d'un détenu politique après celui du journaliste Mohamed Talmalt", redoute l'avocat. Le général à la retraite Hocine Belhadid a déjà été incarcéré en septembre 2015 pour "entreprise de démoralisation de l'armée" à la suite d'une tribune publiée toujours dans les colonnes du journal El Watan. En raison de son état de santé, il a été libéré provisoirement en juillet 2016 avant d'être condamné à un an avec sursis et à 20 000 dinars d'amende le 22 mars 2018. Le procès en appel de cette affaire, qui devait se tenir le 18 mai dernier, a été reporté au 19 juin prochain car, explique son avocat, "Benhadid étant en prison, on ne pouvait pas juger un détenu par défaut".