La conférence de presse animée hier, samedi, par Me Mechri, Me Bouchachi et Me Bourayou, soit au lendemain de la fête de l'Aïd el-Fitr, a reflété la grande préoccupation des trois avocats quant à l'état de santé de leur mandant qui souffre d'un cancer de la prostate et d'une hernie discale. Me Mecheri Bachir a soutenu que la prolongation de sa détention préventive a aggravé sérieusement son état de santé. "Le général Benhadid fait l'objet d'un projet d'homicide prémédité", a accusé l'avocat. Il a menacé d'engager des poursuites judiciaires contre le ministre de la Justice, dans le cas où il arriverait malheur au général à la retraite, Hocine Benhadid. Il a précisé que la tumeur n'a été détectée qu'au cours du deuxième examen médical réalisé dans le cadre de sa détention, à l'hôpital Mohamed-Lamine-Debaghine (ex-Maillot). Me Mechri Bachir est convaincu que la mise en détention préventive du général à la retraite n'entre pas dans le cadre des procédures de l'instruction, dès lors qu'en 10 mois, il n'a été entendu qu'une seule fois, pendant une heure et demie, par le juge d'instruction sur le fond de l'affaire. Selon lui, continuer à priver ce général à la retraite de sa liberté est une violation de l'article 123 du code de procédure pénale qui stipule que la détention préventive ne doit concerner que des cas exceptionnels. "Le général Benhadid est-il l'otage d'un projet qui le vise personnellement ou veut-on qu'il serve d'exemple dans le cadre du projet de loi organique sur l'obligation de réserve des militaires que l'APN vient de voter ?", s'est-il interrogé. Le général Benhadid, victime d'un règlement de compte ? Le juriste et militant des droits de l'Homme, Me Mustapha Bouchachi, semble y croire. "C'est désolant de voir la justice servir le pouvoir et les hommes du pouvoir. On assiste à l'effondrement de l'Etat de droit à travers l'emprisonnement notamment des journalistes et des avocats. Dans le cas du général Benhadid, le refus répété de nos demandes de liberté provisoire est une punition par anticipation", a-t-il commenté. Me Khaled Bourayou a renchéri : "On prend des têtes de série comme exemple : les avocats, les généraux à la retraite, les journalistes de KBC... Une porte se ferme désormais sur toutes les libertés. Pour le général à la retraite Benhadid, on est dans le cadre d'une procédure où le droit a été ignoré. On a débordé sur le volet politique. On s'interroge sur l'absence de conscience. On ne peut pas construire un Etat sur la haine." Me Bourayou a annoncé que le général Benhadid entamera ses séances de chimiothérapie mardi prochain. "Le juge sait très bien que son état est très grave. C'est une tumeur qui évolue et se métastasie vite. Son maintien en prison est un acte grave qui ne procède d'aucune humanité. C'est une entreprise de destruction de l'homme". Me Khaled Bourayou est persuadé que le prévenu ne sera pas jugé sur la base de l'article 75. En l'occurrence, pour l'accusation d'entreprise de démoralisation des troupes, parce qu'il est le seul mis en cause dans cette affaire. En attendant son procès, la défense réclame sa libération pour qu'il puisse bénéficier convenablement de soins adaptés à sa maladie. Nissa Hamadi