Durant les seuls trois premiers mois de l'année en cours, l'Algérie avait importé pour plus de 920 millions de dollars de kits CKD-SKD destinés au montage automobile. Un plafond dérisoire d'à peine deux milliards de dollars vient d'être fixé par le gouvernement pour les importations de kits CKD et SKD destinés à l'industrie locale de montage automobile, a-t-on appris, hier, de sources proches du secteur. Ce montant, qui dépasse à peine la facture moyenne consacrée d'ordinaire aux importations de ce type de kits pour un seul trimestre, vient ainsi d'être réparti et notifié officiellement par le ministère de l'Industrie à l'ensemble des intervenants de la filière nationale de montage automobile, nous ont confirmé les mêmes sources. Pour les acteurs du secteur, les quotas qui leur sont désormais officiellement fixés à l'importation pour l'exercice en cours sont tout simplement insignifiants et risquent à terme de mettre carrément à mort leurs unités d'assemblage et, par conséquent, l'ensemble de la filière, à peine naissante, de l'industrie locale de montage automobile. Le plafond de deux milliards de dollars d'importations arrêté pour le reste de 2019 correspond en tout cas à peine au double des dépenses globales enregistrées en la matière durant les seuls trois premiers mois de l'année en cours, où l'Algérie avait importé, rappelle-t-on, pour plus de 920 millions de dollars de kits CKD-SKD destinés au montage automobile. Durant l'exercice précédent, la facture totale consacrée par le pays à l'achat à l'étranger de ces collections CKD-SKD avait atteint plus de 3,5 milliards de dollars, contre 2,2 milliards de dollars en 2017, soit une hausse de plus de 70% sur une seule année. La décision de compresser en urgence la facture d'importation de kits CKD-SKD destinés au montage des voitures touristiques a été annoncée au début du mois en cours, à l'issue d'une réunion du Conseil de l'actuel gouvernement de gestion des affaires courantes. Cette décision, telle que justifiée officiellement dans les communiqués du Premier ministère, s'inscrit dans une démarche globale visant à réduire les dépenses du pays à l'importation, afin de limiter le creusement du déficit de la balance des paiements et de freiner par là même l'érosion avancée des réserves officielles de changes. Annoncée et mise en application en l'espace d'à peine deux semaines, la compression brutale et drastique des quotas d'importations de collections de kits destinés au montage automobile risque, néanmoins, de provoquer à terme une mise à mort de l'ensemble de cette filière industrielle, longtemps favorisée et présentée comme un segment phare pour la diversification de l'économie nationale. D'ores et déjà, des acteurs de la filière automobile tirent la sonnette d'alarme sur les risques très probables de cessation brutale des activités de leurs chaînes d'assemblage, avec des conséquences directes et très dommageables sur l'emploi, la production et la sous-traitance nationale, mais aussi sur les prix de vente et les délais de disponibilité et de livraison des véhicules neufs sur le marché local. En somme, un chamboulement total du secteur de l'automobile qui ne pourrait, selon les spécialistes de la filière, être contrebalancé par une hypothétique mesure populiste de relance des importations des véhicules usagés de moins de trois ans. Akli Rezouali