L'Algérie cherchera à tirer son épingle du jeu et à préserver ses intérêts en posant un certain nombre de garanties, avons-nous appris, hier, auprès de Sonatrach. Le patron de Total a annoncé, hier, qu'il s'entretiendra avec les autorités algériennes au sujet du rachat, par son groupe, des actifs d'Anadarko en Algérie. Une transaction qui s'inscrit dans le cadre de la cession des actifs d'Anadarko à Occidental Petroleum après un accord conclu il y a quelques semaines. À l'issue de cet accord, Total a négocié avec Occidental Petroleum le rachat des actifs africains d'Anadarko, estimés à 8,8 milliards de dollars et basés essentiellement en Algérie, au Ghana, au Mozambique et en Afrique du Sud. "Nous rencontrerons les autorités algériennes très bientôt", a déclaré le P-DG de Total, Patrick Pouyanné, lors d'une réunion avec les actionnaires du groupe, tenue hier à Paris. "Nous ne sommes pas inquiets. Il est normal que les autorités cherchent à dialoguer avec leurs principaux partenaires et Total est l'un des partenaires de l'Algérie", a-t-il souligné par la même occasion. Les autorités algériennes n'ont pas encore donné leur bénédiction à ce projet de rachat des actifs algériens d'Anadarko par Total. Le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, soufflait le chaud et le froid à ce sujet, réfutant tantôt l'existence d'un accord entre Total et Anadarko quant aux actifs algériens et déclarant tantôt que l'Algérie cherchait un bon compromis autour de cette transaction. Concrètement, l'Algérie cherchera à tirer son épingle du jeu et à préserver ses intérêts en posant un certain nombre de garanties, avons-nous appris, hier, auprès de Sonatrach. Les actifs d'Anadarko en Algérie représentent environ 260 000 barils de pétrole par jour, soit plus de 25% de la production de brut du pays, estimée à un million de barils par jour en moyenne. Le rachat de ces actifs ferait de Total un poids lourd dans le secteur algérien des hydrocarbures. Rien que pour cela, les négociations pourraient traîner, alors que, au plan politique, il est peu probable que l'actuel gouvernement, chargé de gérer les affaires courantes durant une période de trois mois, puisse statuer sur une transaction aussi sensible, à en croire des sources du groupe public des hydrocarbures. Même si, officiellement, le compromis sur la cession des actifs algériens d'Anadarko n'est pas encore certain, en Afrique, l'accord conclu par Total et Occidental Petroleum renforcerait la position du groupe français en tant que numéro deux du marché mondial du GNL. Pour Patrick Pouyanné, cité par Reuters, les actifs d'Anadarko en Afrique étaient au cœur de la stratégie de Total visant à rester un acteur majeur du secteur pétrolier en Afrique et sur le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL). Cette transaction permettra à Total par-dessus tout de générer un cash-flow net positif dès 2020 même si le prix du pétrole est inférieur à 50 dollars le baril. Pour le cas Algérie, Total annonce la tenue, pour bientôt, des conciliabules rendus probablement possibles après la révision, par le ministre de l'Energie, de sa position initiale qui plaidait pour l'usage du droit de préemption. Cette loi, qui a été instituée, faut-il le rappeler, par la loi de finances complémentaire de 2009, est appliquée sur les transactions de cession d'actifs d'entreprises étrangères implantées en Algérie.