Les scènes de Paléo, depuis sa naissance en 1975, sont restées toujours ouvertes aux artistes du Maghreb. On y a vu, entre autres, Mami, Gnawa Diffusion, Idir, Natacha Atlas. Parmi les 92 groupes de la 30e édition, 3 portent les couleurs maghrébines. Par ailleurs, ce sont toujours des artistes qui ont déjà conquis l'Occident. Daniel Rosselat, directeur de la manifestation nyonnaise, nous en explique les raisons. Rencontre ! Cette année, la musique maghrébine fait partie de celles qui ont ouvert votre manifestation. Cela dénote un intérêt… Naturellement. Paléo, depuis sa naissance, a été toujours un festival ouvert à tous les genres musicaux et à toutes les cultures. Cela se manifeste plus dans notre programme “Village du monde” où l'on accueille les musiques venues de tous les continents. En restant dans le Maghreb, on constate que les artistes qui viennent à Paléo sont ceux qui ont réussi en Occident. Ceux de l'intérieur sont rares. Pourquoi ? Je vois deux raisons essentielles. Quand on ne connaît pas quelqu'un, il est difficile de pouvoir l'inviter. La deuxième, c'est que faire venir un groupe du Maroc ou de l'Algérie nous revient excessivement cher. Entre les billets d'avion et l'hébergement, on est amené à payer trop cher. À moins de le programmer plusieurs fois afin de rentabiliser sa présence, cela nous est impossible. Quels sont vos critères de sélection et comment procédez-vous ? Le premier critère est naturellement la bonne musique et le bon travail. Pour le reste, il nous arrive d'aller sur le terrain, assister à des festivals et écumer les scènes afin de trouver quelque chose de bien à offrir à nos festivaliers qui sont nos uniques juges. C'est le cas du programme “Musique du monde”. Cette année, pour être à la hauteur de notre invité qui est l'Asie, nous sommes allés sur place afin de trouver des groupes et des artistes. À supposer que l'on invite un jour les musiques du Maghreb, à ce moment-là, nous serions dans l'obligation d'aller sur place. Aussi, il nous arrive de recevoir des propositions d'artistes. On regarde bien sûr la qualité et ensuite la convenabilité des dépenses à notre budget. Il y a des musiques, comme le rap, le hip hop et le métal, pratiquées en Afrique du Nord, qu'on ne peut pas programmer dans “Village du monde”… Evidemment. On les programme sur les autres scènes. Recevez-vous des propositions spontanées de la part de jeunes artistes maghrébins ? De mémoire, non. Peut-être qu'ils ne nous connaissent pas assez. En tout cas, ils sont les bienvenus. Nous serions ravis de les recevoir. T. H.