L'Algérie a adhéré à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) en signant l'accord portant sa création en mars dernier. Le ministre du Commerce a même pris part hier à la réunion qui a regroupé ses homologues africains pour la finalisation des travaux en relation avec les négociations de ce futur espace commercial. De par la mauvaise expérience vécue avec les accords signés avec l'Union européenne (UE) et la Zone arabe (Zale), qui se sont avérés in fine en défaveur de l'Algérie, l'on s'interroge sur l'opportunité de s'engager dans un nouveau projet d'échanges commerciaux ? Les spécialistes de la question avouent que les conditions pour parapher ce genre de contrats ne sont pas réunies. La situation économique qui prévaut actuellement dans notre pays ne favorise pas la participation à la Zlecaf. À vrai dire, même la mise en œuvre rapide de cette zone n'est pas opportune. Sa création doit passer par plusieurs étapes. Il faut, de prime abord, régler de nombreuses questions en suspens liées essentiellement à l'identification des critères conférant l'origine africaine pour chaque produit à l'effet de bénéficier des préférences tarifaires et la préparation de la soumission des offres tarifaires par les Etats membres, ainsi que les problèmes relatifs aux services... C'est dans ce contexte que s'inscrit, d'ailleurs, cette 8e rencontre ministérielle, dont l'ordre du jour consiste en l'adoption, par les ministres africains du Commerce, des instruments techniques permettant le lancement effectif de la Zone de libre-échange. C'est dire que les mécanismes de la mise en œuvre de ce marché commun ne sont pas encore installés. Ce sont aussi des problématiques ayant trait aux spécificités de certains pays d'Afrique qui demeurent de simples importateurs qui souhaiteraient recevoir, en plus de leurs produits, des projets d'investissement de leurs voisins. L'on peut citer le cas du Mali et du Niger qui voudraient accueillir des investissements de la part de pays comme l'Algérie. Or, "la réglementation des changes en vigueur dans notre pays n'encourage pas ce genre d'initiatives d'investissement", remarque Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Il faut au préalable, affirme-t-il, libérer les exportations et l'exportateur vis-à-vis de ces marchés. Il est impératif, ajoute-t-il, d'inciter les opérateurs algériens à lancer leurs projets d'investissement dans des conditions meilleures que celles établies en ce moment en Algérie. Car, ces zones sont créées dans le but de concrétiser en outre des projets d'investissement au sein de ces pays membres. Ceux-ci peuvent accepter les produits algériens, mais ils ne pourront le faire sempiternellement si l'Algérie ne leur garantit pas en contrepartie des investissements réels. Certes, la Zlecaf peut constituer une véritable opportunité, puisqu'il s'agit d'un espace très dynamique constitué d'un marché unique de plus de 1,2 milliard de personnes représentant environ 2 500 milliards de dollars de PIB cumulé. Mais encore faut-il s'y préparer sérieusement. Ce n'est pas encore le cas, du moins pour l'instant, parce que l'Algérie est en train de fermer actuellement son marché. Comment peut-on s'inscrire dans cette zone, alors que les frontières de notre pays avec le Niger, le Mali et le Maroc sont toujours fermées ? C'est dire que la vision et l'objectif de l'Algérie par rapport à cet espace commercial africain ne sont pas encore clairs. Ce vaste marché peut profiter à l'Algérie pour peu que l'on crée les conditions à sa conquête.