Les participants au sit-in ont également soulevé le cas d'autres militants des droits de l'Homme injustement incarcérés. Plusieurs membres d'organisations de la société civile et de partis politiques ont tenu, hier, à la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel de Béjaïa, un rassemblement, suivi d'une prise de parole, pour exiger "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques et d'opinion". Cette deuxième action a été marquée par la présence de Djamel Zenati, le militant politique et ancienne figure de proue du Mouvement culturel berbère (MCB). Les animateurs du comité de solidarité avec les travailleurs de la wilaya, de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), du Café littéraire de Béjaïa, du Rassemblement actions jeunesse (RAJ), des syndicats autonomes (Satef, Cnapeste, Snapap, Cela, Unpef, SNTFP et SNTPostiers), les représentants des partis politiques (PT, PST et Jil Jadid), le député Khaled Tazaghart, présenté par les organisateurs comme l'un des rares parlementaires à avoir "renoncé à son salaire pour rejoindre la révolution populaire en cours", se sont ensuite relayés au micro pour exprimer leur solidarité avec la SG du Parti des travailleurs, mais aussi avec tous les détenus d'opinion qui croupissent en prison après plus de trois mois de mobilisation populaire. Tous se sont dit être interpellés en leur qualité de militants politiques et sociaux "face à cette situation qui menace toute expression démocratique et qui met en péril même les vies humaines". Qu'il s'agisse de Rachid Bedjaoui du PT, de Karim Bourdjiaoua ou de Hocine Hana du Snapap, tous ont plaidé pour une union de toutes les forces progressistes pour "la défense des libertés fondamentales et démocratiques, lesquelles devraient consacrer un Etat de droit, dont chacun porte en lui les aspirations depuis l'indépendance du pays". "L'incarcération de la SG du PT, Louisa Hanoune, nous préoccupe davantage devant la dégradation de son état de santé, qui pourrait mettre sa vie en danger", avertissent les mêmes intervenants. Sachant notamment que malgré le cas de Mohamed Tamalt — le journaliste mort en décembre 2016 après avoir observé une grève de la faim en prison — n'a pas servi d'exemple au pouvoir politique, puisqu'il a "laissé mourir, le 28 mai dernier à l'hôpital de Blida, un autre militant des droits de l'Homme, le Dr Kamal-Eddine Fekhar en l'occurrence". C'est pour éviter de connaître un autre drame de ce genre que Boualem Ziani du PST, Kader Sadji du Café littéraire et Yahia Goudjil du Cela ont exigé, durant leur intervention, "la libération immédiate et inconditionnelle de Louisa Hanoune, mais aussi de tous les détenus d'opinion avant que cette situation, jugée inquiétante, n'engendre l'irréparable". Hocine Boumedjane, le responsable du Centre de documentation et d'information sur les droits de l'Homme (CDDH), a expliqué que la "situation est très grave quand des politiques sont en prison, car, selon lui, cela signifie que l'on veut mettre au pas les partis politiques, les associations et les syndicats autonomes. Mais le peuple a atteint un degré de maturité et il sera difficile au pouvoir de venir à bout de cette insurrection populaire".