Les auteurs de la proposition pensent que l'initiative gagnerait à être élargie à d'autres composantes de la société, aux personnalités et aux partis politiques, avec lesquels "des contacts seront entrepris". Les dynamiques de la société civile ont levé le voile solennellement, hier, sur les mécanismes de mise en œuvre d'une initiative de sortie de la crise politique du pays, lors d'une conférence nationale tenue en présence de quelque 400 représentants d'associations nationales, syndicats autonomes et organisations professionnelles de divers horizons, mais que rassemble le soutien au mouvement populaire pacifique. Cette initiative repose sur une période de transition, de courte durée, pour le retour au processus électoral, et s'accompagne de la demande de mesures d'apaisement. Ainsi, les acteurs de la société civile proposent, d'abord, "la désignation d'une personnalité nationale ou instance présidentielle consensuelle pour la gestion d'une période transitoire pour le retour au processus électoral, de six mois à un an au maximum". Il est question, ensuite, de "la formation d'un gouvernement de compétences nationales pour la gestion des affaires courantes". Puis, de "l'ouverture d'un dialogue national global avec les dynamiques de la classe politique et la société civile et les personnalités nationales et activistes du mouvement national, au sujet de la situation politique, économique et sociale du pays et les moyens de sortie de crise, qui sera sanctionné par une conférence nationale". Les acteurs de la société civile proposent, en outre, "l'installation d'une instance indépendante chargée de la supervision, de l'organisation et de l'annonce des résultats de l'élection, en garantissant les mécanismes de contrôle". Ils appellent aussi à "l'accélération de la transition démocratique sereine conformément à un processus électoral concrétisant la rupture avec les systèmes de tyrannie et de corruption et garantissant l'édification d'institutions légitimes et crédibles". Cependant, la réussite de ce processus politique, selon les auteurs de l'initiative, "requiert la préparation d'un climat général pour l'exercice des droits et des libertés individuels et collectifs et le respect des droits de l'Homme à travers des mesures d'accompagnement du processus politique afin d'instaurer la confiance des citoyens et de garantir une adhésion effective à ce processus". Aussi, pour la concrétisation des revendications du mouvement pacifique, la société civile exhorte toutes les dynamiques "à se liguer autour de son initiative et à œuvrer à sa réussite". Les auteurs de cette démarche expliquent que leur initiative est motivée par "la situation de crise politique" que traverse le pays, et qui impose à toutes les forces vives de proposer des solutions à même de permettre la satisfaction des revendications du mouvement populaire. "Le pays est au bord de l'impasse politique, et nous impose, en tant que société civile, de répondre au devoir national", ont-ils énoncé au préambule de cette initiative. C'est ce qu'a mis en exergue, aussi, Sadek Dziri, le coordinateur de la Confédération des syndicats autonomes (CSA), une organisation qui est à l'origine de cette proposition politique, aux côtés du Collectif des dynamiques de la société civile pour une transition démocratique et le Forum civil pour le changement. Selon lui, les dirigeants des 90 syndicats, organisations professionnelles et associations, et ordres nationaux ambitionnent de "recouvrer le rôle de leadership de la société civile pour la restructuration de la société et d'incarner la véritable représentation de la société, en faisant siennes les revendications de ses éléments". Mais "d'autres défis nous attendent, notamment son élargissement à d'autres forces de la société et surtout sa mise en œuvre", a-t-il souligné. Lui succédant, le président de l'Ordre des médecins, Berkani Bekkat, a indiqué que les intervenants à cette conférence ont "participé à un début de solutions politiques" pour "dépasser les conditions qui sont à l'origine de la situation actuelle". Il a cité, en exemple, la justice qui a repris son rôle et l'institution militaire qui a entrepris d'accompagner le mouvement populaire. Pour sa part, Abderrahmane Arar, le président du Forum civil pour le changement, a mis l'accent sur l'impératif d'aller vers "un dialogue global et consensuel entre toutes les catégories et forces de la société, y compris l'institution militaire". Un "dialogue inclusif", précise-t-il, "pour le retour au processus électoral et à la légitimité". Des mesures d'apaisement réclamées Autant de questions qu'aborde, également, le président du Rassemblement actions jeunesse (RAJ), Abdelouahab Farsaoui. Ainsi, concernant l'élection présidentielle, l'intervenant a estimé qu'"y aller dans ce contexte est une aventure. Et tenir des élections le plus tôt possible sans passer par des mécanismes équivaudrait à reconstituer le système. Ce sera un recyclage", a-t-il insisté. Quant au dialogue, "nul ne peut le décliner, mais le dialogue a ses propres fondements". En ce sens qu'"on ne peut dialoguer tout en interdisant les marches, de même qu'on ne peut réussir une période de transition sans la garantie des libertés de regroupement, de création des partis, et les syndicats", a-t-il précisé. Aussi, "on parle de 20 millions d'Algériens dans la rue, sans lesquels on ne peut construire une société, et sans l'ouverture du champ audiovisuel, et les médias en général, et sans donner toute latitude aux Algériens pour la création de partis et de syndicats, et d'autres journaux", a-t-il enchaîné. Cette initiative devrait, aussi, "s'ouvrir à d'autres forces politiques et personnalités nationales contrairement aux vœux du système de casser l'élite politique et la société civile", selon le président du RAJ. Ce dernier qui a affirmé que "quelles qu'en soient les initiatives, la poursuite du mouvement populaire pacifique dans la société est le seul garant". Un point de vue que partagent nombre d'autres intervenants, qui ont souligné l'échec du dialogue du pouvoir, en s'interrogeant sur ses interlocuteurs, et la nature des compromis. Mais ils se limitent à revendiquer un climat de confiance, notamment le départ des "B", la levée du siège sur les rassemblements et la presse, et la libération de tous les détenus du hirak et du militant Hadj Ghermoul. Ce qui s'ajouterait à la mise sur pied d'une instance indépendante pour l'organisation des élections. "Ce n'est qu'une fois ces conditions réunies que sera possible le retour au processus électoral", estiment-ils. Pour ce faire, l'initiative de la société civile gagnerait, selon eux, à être élargie à d'autres composantes de la société, aux personnalités et aux partis politiques, avec lesquels des contacts seront entrepris. La finalité est de rapprocher les points de vue pour "une démarche consensuelle de sortie de crise, avant d'être, en tant qu'initiative proche du mouvement populaire, adressée au pouvoir réel, à savoir l'institution militaire qui gère la période de transition", soutiennent, enfin, les auteurs de l'initiative. A. R.