Nouveau revirement des militaires au pouvoir au Soudan, qui préconisent la formation d'un gouvernement avec les partis d'al-Oumma et l'Ittihad, ex-alliés d'Omar al-Bachir. Le général Yasser Atta, membre du conseil militaire de transition, a écarté la possibilité de former un gouvernement composé de membres de l'opposition avec laquelle des discussions de sortie de crise ont été menées, a rapporté hier la presse locale. Assurant que "la démocratie sera protégée" et qu'"un gouvernement civil sera formé", le numéro deux de ce conseil, qui a pris le pouvoir après avoir destitué Omar al-Bachir, a cependant affirmé que le gouvernement sera formé avec les partis politiques al-Oumma et l'Ittihad, qu'il a qualifiés de "nationalistes". Le général Yasser Atta a cependant estimé que l'Association des professionnels soudanais et les Forces de la liberté et du changement ne peuvent prétendre faire partie du futur gouvernement. Le Conseil militaire de transition semble toujours vouloir imposer sa feuille de route, alors qu'il fait toujours l'objet de pressions internationales de la part notamment de l'Union africaine et des Etats-Unis, qui exigent un transfert total du pouvoir aux civils. Il fait table rase de tout ce qui avait été conclu avec l'opposition, notamment l'institution d'un Conseil souverain. Pour rappel, les négociations entre les généraux au pouvoir et les chefs de la contestation ont été brusquement interrompues le 20 mai, sans accord sur la composition d'un Conseil souverain. Celui-ci devait assurer une transition de trois ans, avant un transfert du pouvoir aux civils. Le 5 juin, les militaires se sont dits ouverts à des négociations "sans restriction", au lendemain d'appels de la communauté internationale à cesser les violences et dans le cadre de la médiation menée par le Premier ministre éthiopien, ils ont fait des concessions en libérant trois militants soudanais arrêtés dans la foulée des manifestations. Les responsables du Conseil militaire de transition avaient même promis de reprendre les négociations avec l'opposition là où elles avaient été interrompues après la dispersion sanglante du sit-in des manifestants devant le quartier général de l'armée à Khartoum. La satisfaction de ces deux points était avancée par les leaders de la contestation comme des préalables de toute reprise de dialogue avec les militaires. Ces décisions apaisantes du Conseil militaire de transition ont poussé l'opposition à mettre un terme à la désobéissance civile, après trois jours de paralysie de la vie dans la capitale et plusieurs villes soudanaises. Mais depuis hier, les militaires au pouvoir opèrent un revirement à 180 degrés pour annoncer qu'ils formeront un gouvernement avec les partis politiques, alliés de l'ex-dictateur Omar al-Bachir durant son règne de 29 années.