Résumé : Faïza ne put fermer l'œil qu'au petit matin. Sadjia lui monte le petit-déjeuner et la sermonne. Elle se donnait trop aux autres, sans penser à sa santé. Mais Faïza ne semble pas de cet avis. Sadjia lui sourit tendrement. -Oui. Je le conçois, maman. Mais nous serons des enfants indignes si de notre côté nous ne pensons pas à ton bien-être. Je vais proposer à papa de t'emmener faire un petit voyage pour te changer les idées. Faïza retint de justesse la tasse qui allait échapper de sa main. -Non ! Pas maintenant !, s'écrie-t-elle. Sadjia fronce les sourcils. -Pas maintenant ! Pourquoi donc ? Qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher ? Faïza déglutit et repousse son plateau. -Rien. Mais les garçons ont encore besoin de moi. Naïm n'a pas encore terminé sa thèse et Faouzi... La jeune fille l'interrompt. -Il est inconcevable d'avoir de telles idées, alors que tu ne devrais t'absenter de la maison que pour quelques jours. Je vais en parler dès ce soir à papa et aux garçons. Je suis certaine qu'ils seront tous d'accord avec moi. Faïza se reprend. -Où veux-tu qu'on passe ces vacances, ton père et moi ? -Ta question est superflue, maman. Vous n'auriez qu'à vous rendre dans une agence de voyages et faire votre choix. Vous pourriez partir en Tunisie, en Egypte, au Sud, ou même faire une petite cure de remise en forme dans un centre de thalassothérapie. À vous donc d'opter pour la destination qui vous arrangera. Faïza se met à réfléchir. Sadjia avait raison. Une petite évasion leur fera le plus grand bien à elle et à Hichem. Mais soudain, l'image de la femme voilée se dresse devant ses yeux. Non. Non. Elle ne pourra jamais quitter la maison, au risque de perdre Sadjia. -Alors, maman ? Tu te décides enfin ? Faïza rabat ses draps et se lève. -Il est grand temps pour toi de te rendre à ton boulot, ma chérie. Nous reprendrons cette discussion ce soir. Sadjia lance un regard désapprobateur à sa mère. -Tu es toujours réticente lorsqu'il s'agit de toi. Depuis quand n'as-tu pas pris des vacances, maman ? -Nous nous sommes tous rendus à la plage l'été dernier, rappelle-toi. -Oui, nous y avons passé les week-ends, et là aussi, c'était toi qui préparais les sandwichs et t'occupais de notre confort à tous. -C'était bien mon devoir, ma fille. Allez, file maintenant, tu vas être en retard. Sadjia allait répliquer, mais voyant que sa mère s'était déjà emparée du plateau du petit-déjeuner et s'apprêtait à quitter la pièce, elle n'eut d'autre choix que de la suivre. Arrivée au rez-de-chaussée, elle s'empare de ses affaires et lance : -Maman, je ne vais pas m'arrêter là. Dès ce soir, j'en toucherai un mot à papa et aux garçons. -C'est ça, ma fille, lance Faïza de sa cuisine. À ce soir. Allez, pars maintenant. Déçue et excédée par la réaction de sa mère, la jeune fille sort sur le perron, puis referme la porte avec fracas.
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