Le dernier discours de Gaïd Salah où il s'en prend de nouveau à ceux qui portent le drapeau amazigh a fait réagir des acteurs de la société civile qui ont mis en garde contre les conséquences d'une telle déclaration, au moment où, disent-ils, ce sont les mesures d'apaisement qui sont recherchées. Boualem Amoura, SG du Satef et non moins animateur du mouvement de la société civile, estime que le chef d'état-major "en tant que représentant du commandement de l'armée doit se placer au-dessus de ces considérations". Arguant qu'il s'agit d'"un drapeau que les gens ont accepté, parce qu'il ne porte atteinte ni à l'unité nationale ni à l'emblème national", il ajoute qu'"au moment où nous devrions chercher l'unité de tous les Algériens, nous ne pouvons pas nous permettre de faire des attaques gratuites". Cela fait craindre le pire pour le mouvement populaire, selon lui. "Nous craignons que cela dégénère. Nous n'avons pas besoin de ça. Surtout pas en Kabylie où cela peut avoir des conséquences graves", a-t-il indiqué, en laissant entendre que "certaines parties ou personnes du pouvoir cherchent la division ou l'affrontement". Pour lui, cela n'en est pas moins lié "au contexte de l'annulation de l'élection du 4 juillet due au rejet de la feuille de route du pouvoir qui, lui, veut la faire passer de force", a-t-il expliqué. "En tout cas, nous n'acceptons pas ces menaces qui ne servent en rien l'Algérie." Et de conclure en lançant un appel : "Qu'on arrête un peu de diaboliser ce symbole qui n'appartient pas aux Algériens seulement, mais à toute la population nord-africaine." En tant que représentant de l'une des dynamiques de la société civile, Abdelouhab Fersaoui a rappelé que "l'un des acquis de ce mouvement populaire, depuis le 22 février à ce jour, est que les Algériens se sentent réconciliés avec leur histoire et leur identité. Les Algériens qui sont sortis dans la rue unis ont dénoncé la division. Il y a des slogans qui encouragent l'union nationale et refusent la division entre les régions, entre les Kabyles et d'autres régions du territoire national". Malheureusement, a-t-il poursuivi, "nous constatons qu'il y a des appels qui incitent à la division dans le seul souci de diviser et d'étouffer le mouvement". Aussi, "presque quatre mois après le début du mouvement, au lieu de répondre d'une manière claire aux revendications du peuple algérien qui demande le changement de système, le pouvoir en place joue sur l'usure et la division". Il estime enfin que "ce genre de déclarations est très grave". "Mais je pense que le peuple algérien est conscient et ne va pas prendre en considération ces déclarations et donnera sa réponse demain, quand tous les Algériens sortiront, comme d'habitude, pour rejeter ce système machiavélique qui ne cherche qu'à se maintenir." Le coordinateur de la Confédération des syndicats autonomes et représentant de la société civile, Sadek Dziri, a, de son côté, estimé que "si l'ouverture du dialogue est nécessaire, sa réussite impose au préalable des mesures d'apaisement". Cependant, "en s'en prenant au drapeau amazigh, il y aura certainement des réactions. Ce qui n'est pas recommandable dans la conjoncture actuelle". Il appelle, toutefois, à "éviter le drapeau du MAK de Ferhat Mehenni", distinct de celui de l'amazighité brandi par les manifestants depuis le 22 février. Et de conclure : "Ce que nous cherchons, ce sont des mesures d'apaisement et surtout pas des mesures répressives."