Le Forum social maghrébin (FSM) qui s'est tenu les 15 et 16 février à Alger a permis aux nombreux acteurs de la scène associative de créer le cadre du forum social algérien que tous espèrent et qui n'a pu se traduire sur le terrain faute d'entente entre les membres du tissu associatif. Abdelouhab Fersaoui, président de l'association du Rassemblement algérien pour la jeunesse (RAJ), a indiqué que depuis 2005, la dynamique algérienne tente de s'organiser mais qu'elle n'arrive pas à s'imposer au FSM alors que les forums garantissent un espace où créer des parcelles entre les différentes composantes du secteur associatif. De son côté, Achour Idir, SG du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) estime que le problème des acteurs de la société civile est lié à la fédération des forces qui se sont penchées sur des dynamiques sociales et que ces revendications, même si elles sont nationales, sont posées à l'échelle locale et corporatiste. «Chacun veut faire son chemin, c'est l'intérêt immédiat qui prime. Il en est de même pour les luttes syndicales. La lutte pour les statuts particuliers de chaque corporation n'aboutit pas car le problème se situe au niveau du statut général de la Fonction publique, nous sommes dans l'obligation de créer une force de frappe de tous les syndicats de la Fonction publique si nous voulons trouver une réponse adéquate à nos revendications», a-t-il expliqué. Sabrina Zouaoui, militante associative passée par la ligue des droits de l'homme, désormais membre du comité organisationnel du FSM, a affirmé que cette absence d'implication de la société civile était due notamment à la décennie noire qui a annihilé toutes les initiatives et a laissé des séquelles . En outre, elle pense que le système a décrédibilisé tout mouvement pouvant être un contre-pouvoir en agitant la carte de la main étrangère. En participant à cette rencontre, son objectif est la création d'une dynamique algérienne apte à favoriser le changement. Le financement étranger peut nuire à la crédibilité des associations Selon Fersaoui du RAJ, son association ne recevait pas de financement de l'Etat et que ses activités étaient rétribuées par les adhérents. Il juge qu'il est en droit de créer des liens avec des ONG étrangères dont les militants ne sont pas manipulés par les gouvernements car, selon lui, «il faut que la société civile algérienne s'ouvre tout en gardant son autonomie d'action mais la nouvelle loi sur les associations empêche un travail de partenariat avec ces ONG, pour ce faire, il faudrait une autorisation du ministre de l'Intérieur». De son côté, Achour Idir, du CLA, a fait savoir que le financement de son syndicat était effectué via les cotisations annuelles obligatoires des adhérents. Sans les citer, il a indiqué que des syndicats et des associations bénéficiaient de financement étranger et que s'il était conditionné, il peut nuire à leur crédibilité. Il a affirmé que le CLA ne sollicitera jamais la participation d'une ONG étrangère pour son financement. Pour sa part, Mme Zouaoui refuserait également l'aide d'une association étrangère. Elle juge que cela nuirait à l'action sur le terrain et donnerait du grain à moudre au gouvernement qui ne se gênerait pas pour agiter la main de l'étranger. Les associations œuvrent pour le Maghreb des peuples Interrogé sur l'ouverture des frontières, Mme Rabia Abdelkrim, membre du FSM, a souligné que la composante associative dans son ensemble œuvrait pour le Maghreb des peuples. «Les politiciens veulent nous faire sombrer dans des pièges qui ne sont pas les nôtres. Il est vrai qu'il y a des intérêts divergents des deux côtés mais les gens ont été influencés par l'opinion politique. Ils ne connaissent pas les vrais enjeux, on nous fait croire que l'on va être envahi par le cannabis», a-t-elle dénoncé. Pour sa part, M. Bencharif, membre d'une association de lutte pour l'environnement et le développement, estime également que la prétendue animosité entre les peuples algérien et marocain est liée à des divergences entre les deux Etats et le conflit au Sahara occupé n'en est qu'une illustration. Selon lui, la peur d'une arrivée massive de cannabis en Algérie n'est qu'un prétexte. Il juge toutefois qu'au sein de la société, il y a des susceptibilités car le Maroc avait été le premier à appliquer des mesures de rétorsion vis-à-vis du pays en 1994 suite à l'attentat de Marrakech et n'a pas été solidaire durant la décennie noire.