L'Algérie connaît une véritable boulimie de consommation de gaz. En chiffres, la demande interne en gaz augmente de plus de "6% en moyenne", annuellement. Voilà ce qui fait de l'Algérie l'un des "gros consommateurs de gaz dans le monde". Une indication claire dont il faut "tenir compte" dans toute la stratégie énergétique du pays. C'est ce que met en avant le rapport "Gas 2019" de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le document affirme ainsi que l'Algérie fait partie d'un groupe de pays où "se concentre la croissance de la demande interne en gaz". Cette frénésie de consommation embarrasserait certainement l'Algérie qui n'avait pas suffisamment investi, ces dernières années, dans l'amont gazier, à cause d'un climat des affaires ambigu qui demeure le principal frein au développement de l'IDE dans le secteur de l'énergie. Aussi, les experts de l'AIE alertent-ils, dans ce rapport, sur le fait que si ce rythme de croissance devait se poursuivre, plusieurs pays, dont le nôtre, auront "des difficultés à assurer un apport régulier" de gaz pour satisfaire les besoins domestiques. Ainsi, au rythme actuel de consommation, l'équilibre entre l'offre et la demande sera rompu à long terme dans le pays. Cela donne à réfléchir et confirme l'importance continue de gérer la donne énergétique, y compris dans un pays exportateur d'énergie. Le tableau présenté par l'AIE n'est pas différent en fait du corpus de données élaboré par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg). Celle-ci a récemment indiqué que l'évolution de la consommation en gaz est tirée par la distribution publique dont la consommation évoluera de 13 milliards de m3 en 2019 à 21 milliards de m3 en 2028, soit un taux de croissance annuel moyen de 5,2%. Pour ce qui est des centrales électriques, la Commission a noté que leur consommation passerait de 19 milliards de m3 en 2019 à 23 milliards de m3 en 2028, avec un taux de croissance annuel moyen de 2,2%. Concernant les besoins en gaz naturel cumulé pour le marché national, à l'horizon 2028, il s'élèverait à 560 milliards de m3. À l'échelle mondiale, et selon le rapport "Gas 2019", la consommation de gaz naturel devrait croître à un taux moyen de 1,6% par an jusqu'en 2024. Cela lui permettra d'atteindre 4,3 trillions de mètres cubes, contre 3,9 en 2018. La demande en Afrique, en Amérique centrale et en Amérique du Sud devraient croître respectivement de 2,7% et 1,2%, mais dans les deux cas, les perspectives d'intégration régionale restent limitées et la croissance se concentre dans les pays producteurs de gaz comme l'Algérie, le Nigeria et l'Angola. Le rapport indique, par ailleurs, que d'autres économies à croissance rapide comme l'Inde, le Pakistan ou le Bangladesh devraient également contribuer fortement à la croissance de la consommation de gaz.