La mise sous mandat de dépôt de manifestants qui ont porté vendredi l'emblème amazigh a fait réagir les partis et organisations de la société civile. La dénonciation est unanime. Tous demandent la libération des détenus. Les condamnations de militants qui ont porté l'emblème berbère lors des manifestations de vendredi dernier sont, pour le Parti des travailleurs, "arbitraires" et répondent "aux injonctions du chef d'état-major de l'ANP" prononcées lors de son dernier discours à Béchar. Selon un communiqué du bureau politique de ce parti rendu public hier, ces arrestations sont "arbitraires" et ces accusations sont "une autre dérive grave" qui ouvre la voie "à d'autres éventuels dérapages". Le PT estime que porter le drapeau national et l'emblème amazigh est le signe de l'unité nationale. Le port de ces deux drapeaux est "un signe envoyé par les Algériens au pouvoir réel lui signifiant son unité", indique encore le document du Parti des travailleurs, dont la secrétaire générale, Louisa Hanoune, croupit toujours en prison malgré les innombrables demandes réclamant sa libération. Le PT considère que "l'unité du peuple algérien constitue la garantie réelle pour la sauvegarde de l'unité nationale sur tout le territoire national". Le PT demande d'abandonner les charges retenues contre les manifestants qui doivent "être libérés". De son côté, le premier secrétaire national du FFS, Belkacem Benameur, désigné par une partie du présidium de ce parti, a dénoncé dans un communiqué ces arrestations. Il estime que "cette provocation de plus traduit les intentions réelles du pouvoir qui tente (…) de détourner ou de venir à bout de la mobilisation pacifique extraordinaire des Algériennes et des Algériens pour se réapproprier leur droit à l'autodétermination". Le FFS "exige la libération immédiate" des détenus et "exhorte le pouvoir à cesser toute forme d'intimidation et d'action visant le rétrécissement des libertés individuelles et collectives de nos concitoyens". Pour sa part, Mahmoud Rachidi, secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs, a appelé à la création d'un réseau national de solidarité avec les détenus. "Au-delà de la division du hirak pour l'affaiblir, l'emprisonnement des manifestants portant l'emblème amazigh pourrait provoquer une réaction qui créerait les conditions ‘justifiant' une plus grande répression, voire la remise en place de l'état d'urgence", a écrit Rachidi sur les réseaux sociaux. Des organisations comme la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) ou Rassemblement actions jeunesse (RAJ) ont également dénoncé ces arrestations "arbitraires" et demandent la libération des détenus. Des rassemblements étaient prévus, hier, en fin de journée dans des quartiers d'Alger.