Originaire de la localité d'Aïn El-Hammam, dans la wilaya de Tizi Ouzou, Amine Ould-Taleb est le plus jeune manifestant placé en détention préventive pour avoir porté l'étendard amazigh vendredi dernier. Il est âgé d'à peine 20 ans. Son oncle maternel, Sofiane Ouchelouche, rencontré hier au rassemblement de solidarité avec les détenus organisé devant le tribunal de Sidi M'hamed, a raconté les circonstances de son arrestation : "Nous étions ensemble, vendredi, quand la police nous a interpellés, vers 9h du matin à la place Audin. J'étais drapé dans l'emblème national. Dans le sac à dos de mon neveu, les policiers ont trouvé deux drapeaux d'Algérie et la bannière amazighe. Nous avons été gardés pendant deux heures dans le fourgon cellulaire puis emmenés au commissariat de Mohammadia." Il rapporte qu'une dizaine de manifestants s'y trouvaient déjà. Il témoigne qu'ils ont tous été entendus sur PV, puis soumis à une visite médicale et à la procédure judiciaire usuelle (prise d'empreintes digitales et de photos). "Vers 19h, nous avons tous été libérés et nos affaires, nos téléphones et nos papiers nous ont été restitués. Comme nous ne connaissions pas le quartier, Amine et moi avons attendu un taxi pour nous emmener à Birkhadem où réside ma sœur. Au bout d'une demi-heure environ, les policiers nous ont interpellés à nouveau", poursuit notre interlocuteur. Les deux jeunes hommes ont été auditionnés, une seconde fois, puis transférés au commissariat de Cavaignac, à Alger-Centre. "Là, nous avons trouvé quatorze manifestants. Nous avons été entendus encore une fois par un officier. Vers minuit, j'ai été libéré tandis qu'Amine a été placé en garde à vue", témoigne Sofiane, qui ne parvient pas à assimiler les événements. "Nous n'avons rien fait. Amine ne portait même pas l'emblème amazigh au moment de son arrestation. Il était dans son sac à dos", répète-t-il, hébété. "Sa mère est hypertendue et son père complètement impotent. C'est dramatique ce qui lui arrive. C'est un jeune qui milite pour une Algérie meilleure, c'est tout", dit-il avec de l'amertume dans la voix.