Jeudi dernier, les citoyens de la commune de Haïzer (est de Bouira) ont, une nouvelle fois, organisé une marche pour exiger la libération des dix-huit jeunes, dont trois originaires de cette commune, accusés d'avoir "porté atteinte à l'unité nationale" pour avoir brandi l'emblème de Tamazgha. Ainsi, vers 9h30, plusieurs centaines de manifestants se sont regroupés à la place des Martyrs de Bouira, en brandissant des pancartes sur lesquelles étaient inscrits des mots d'ordre tels que"Libérez la justice", "L'identité n'est pas un crime". "Nous sommes là pour exiger la libération immédiate de nos enfants et de tous les détenus d'opinion (…) Mettre en prison des jeunes pour avoir porté un drapeau identitaire et culturel est une atteinte à nos libertés les plus fondamentales", soulignera le président de la section du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) de Haïzer. Tout au long de leur procession vers le siège de la wilaya, les protestataires ont copieusement critiqué le chef d'état-major de l'Armée, Ahmed Gaïd Salah, mais aussi l'institution judiciaire, laquelle, selon les manifestants, a été instrumentalisée à des fins politiques. Devant le portail du siège de la wilaya, les marcheurs ont improvisé une brève prise de parole lors de laquelle le père d'un des détenus a déclaré : "Mon fils n'a fait que porter le drapeau amazigh qui est un symbole de notre identité et de notre culture. Je le dis haut et fort, mon fils et tous les autres détenus sont victimes d'une injustice flagrante." Hamid Chachoua, élu FFS à l'APW de Bouira, venu apporter son soutien aux familles des détenus, a également dénoncé une "dérive totalitaire" du système qui "instrumentalise la justice". Les manifestants se sont retrouvés, ensuite, devant le siège de la cour de justice de Bouira où ils ont dénoncé la "justice aux ordres du général Ahmed Gaïd Salah". À noter que la ville de Haïzer était entièrement paralysée par une grève générale en signe de solidarité avec les jeunes détenus. Tous les commerces, excepté les pharmacies et les boulangeries, ont baissé rideau.