L'emblème de Thamazgha, un des signes de l'identité nationale dans toute sa diversité, a flotté hier dans le ciel de Bouira lors du 18e acte des marches contre le système. En effet, les milliers de manifestants ont voulu, par ce geste aussi fort que symbolique, répondre de manière claire et directe aux menaces du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui, lors de son dernier discours, avait chargé ceux "qui brandissent un emblème autre que le drapeau national". Ainsi, berbérophones et arabophones ont tenu à exprimer leur désapprobation quant aux propos tenus par le chef d'état-major, en soulignant que le peuple a "dépassé" ces divisions et querelles identitaires. "Nous sommes un seul et unique pays. Notre force, nous la puisons dans notre union et dans notre diversité. Le drapeau national qui est celui de notre appétence à l'Algérie et à l'emblème de Thamazgha, représente notre identité amazighe", soulignera un manifestant qui brandissait les deux emblèmes côte à côte. Le slogan phare de la marche d'hier était "Makenche djihawiya : djeïch-chaâb, khawa khawa" (Il n'y a pas de régionalisme ; l'armée et le peuple sont frères). Pour les protestataires, le dernier discours de Gaïd Salah est "hors sujet". "Nous voulons le départ de tout le système et l'application des articles 7 et 8 de la Constitution et non pas nous lancer dans un débat stérile quant à notre identité, car cette dernière, nous la connaissons", affirme Djamel Benyoucef, ancien coordinateur du Cnapeste à l'échelle locale. De son côté, Hamid Chachoua, élu FFS à l'APW de Bouira, n'a pas caché sa déception quant à la démarche entreprise par Ahmed Gaïd Salah. "Aujourd'hui, c'est une marche pour l'union nationale et pour contrecarrer les tentatives de diversion du pouvoir afin de semer le doute et la zizanie au sein de la révolte populaire", a-t-il noté. En ce qui concerne les slogans d'hier, ils étaient quasi exclusivement dirigés contre le général chef d'état-major de l'armée. Ainsi, "Sorry Gaïd Salah, el-chaâb machi djayeh" (Désolé Gaïd Salah, le peuple n'est pas naïf), ou encore "El-Gaïd, on veut du concret", ou bien "Le pays n'est pas une caserne" ont été brandis par les marcheurs. Enfin, une ultime halte a été effectuée au niveau de l'espace de la maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira, où l'immense foule a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale, ainsi que de ceux du Printemps noir.