Le président de l'APN est parti, cédant à une double pression : celle exercée sur lui par ses partisans et d'autres parlementaires et celle, tout aussi forte, du mouvement populaire. Le président de l'APN, Mouad Bouchareb, qui aura entretenu le suspense, pour ne pas dire résisté autant qu'il pouvait, s'en est allé hier, empêchant la tenue de la cérémonie de clôture du Parlement à l'Assemblée. Il est parti, cédant à une double pression : celle exercée sur lui par ses partisans et d'autres parlementaires, et celle, tout aussi forte, du mouvement populaire qui exigeait son départ depuis le mois de février dernier. Sa démission est politique, puisqu'elle n'a pas satisfait au formalisme administratif. Ce qui pose un vrai problème pour l'organisation de la succession. Le communiqué du bureau de l'APN, diffusé hier, est à ce sujet édifiant. "Le bureau de l'APN s'est réuni, conformément à l'article 18 du règlement intérieur, sous la présidence du vice-président, Mohamed Moussaoudja, qui a été chargé par Mouad Bouchareb de transmettre sa démission, et déclaré l'état de vacance du poste de président de l'APN, en raison de cette démission", a indiqué un communiqué de presse de la Chambre basse du Parlement. La même source ajoute : "Conformément aux dispositions de l'article 10 du règlement intérieur, le bureau de l'APN a décidé de transmettre le dossier de vacance du poste de président de l'APN à la commission juridique, administrative et des libertés pour établir son rapport." "Le bureau de l'APN a également décidé à la majorité de ses membres de charger le député Terbeche Abderazzak de la gestion des affaires de la Chambre basse du Parlement jusqu'à l'élection d'un nouveau président, qui se fera dans un délai réglementaire de 15 jours", a poursuivi le communiqué de l'APN. Si la procédure à suivre dans pareil cas stipule que la commission juridique devrait soumettre son rapport à la séance plénière, qui entérinera définitivement la vacance du poste avant 15 jours, une source nous a indiqué que cette élection pourrait se faire dans la semaine. En attendant cela, la session parlementaire, qui devait se clôturer hier, est restée ouverte, plongeant ainsi dans une situation kafkaïenne l'une des plus importantes institutions de l'Etat, puisque la Chambre haute, ou le Conseil de la nation, a clôturé solennellement hier la session annuelle lors d'une séance présidée par le président du Conseil de la nation par intérim, Salah Goudjil, en présence du Premier ministre, Noureddine Bedoui, et de membres du gouvernement. Cela étant, des parlementaires, que nous avons interrogés, n'ont pas été en mesure d'avancer le nom du probable futur détenteur du poste de président de la Chambre basse du Parlement, se contentant de rappeler que "le futur président sera celui qui aura la majorité des voix des députés", comme l'a indiqué le président du groupe parlementaire du FLN, Khaled Bouriah. Avec la "démission" du désormais ex-président de l'APN, l'un des "B", dont le départ était réclamé par le mouvement populaire, tombe, noircissant davantage l'une des pages les plus sombres de l'institution législative qui a enregistré l'usage de procédés antidémocratiques (cadenas et chaînes), notamment lorsqu'il s'est agi de faire partir Saïd Bouhadja. Ce qu'ont fait d'ailleurs remarquer les députés interrogés hier. "Le cadenas est définitivement parti avec Bouchareb", a, en effet, affirmé Khaled Bouriah, qui est rejoint par le président de la commission des affaires étrangères, Abdelhamid Si-Afif, qui souhaite que "tout le monde ait tiré les enseignements des deux présidences de l'APN. Comme nous l'avons fait au FLN pour la première fois depuis très longtemps quand nous avons élu un SG à travers les urnes, nous allons le faire ici et nous espérons éviter toute personne qui ne collera pas avec ce qui se passe dans la rue".