La crise libyenne a provoqué des échanges houleux, lors d'une réunion à huis clos, au dernier sommet extraordinaire de l'Union africaine qui s'est déroulé les 7 et 8 juillet à Niamey, au Niger. Les ingérences extérieures en Libye et le soutien de l'Egypte au controversé maréchal Khalifa Haftar ont été au cœur du comité de haut niveau de l'Union africaine lundi à Niamey, ont rapporté plusieurs sources. Le président de la Commission africaine, Moussa Faki Mahamat, a dénoncé ouvertement ces ingérences qui ont aggravé le climat d'instabilité en Libye, selon une source diplomatique à RFI. Le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi n'a pas assisté à cette réunion à huis clos, alors que son pays préside l'UA en ce moment. Il a désigné son chef de la diplomatie, visiblement pour éviter qu'il soit directement interpellé sur son soutien franc à M. Haftar, dont les troupes tentent vainement de prendre le contrôle de la capitale libyenne Tripoli depuis le 4 avril dernier. Selon RFI, citant cette source diplomatique, le chef d'Etat égyptien essaie d'écarter l'UA qui s'implique de plus en plus dans le processus de résolution politique en Libye. L'UA envisage en effet d'engager un émissaire permanent à Tripoli pour travailler aux côtés de l'émissaire onusien Ghassane Salamé, accusé par les autorités parallèles de l'Est libyen de partialité. La question de l'ingérence étrangère en Libye, aussi bien sur le terrain politique que militaire, a compliqué la donne, offrant un quitus à Haftar pour commettre des actes pouvant être élevés au rang de "crimes de guerre" et de "crimes contre l'humanité", selon plusieurs ONG. L'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie Saoudite affichent un soutien sans faille à Haftar, violant même l'embargo sur les armes que l'ONU a imposé à la Libye depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, fin 2011. Pis, les aviations égyptienne et émiratie ont mené carrément des opérations aériennes, sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, notamment dans la ville de Derna, du nord-est frontalier avec l'Egypte, durant la période 2014-2015. Mais aucune sanction n'a suivi ces violations qui se poursuivent jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, le processus politique est dans une impasse, et Khalifa Haftar n'a aucune intention de renoncer à son projet d'imposer une solution militaire, une option rejetée par la majorité des Libyens mais qui divise la communauté internationale. Les divisions de la communauté internationale ont constitué un facteur déterminant dans les agissements de Haftar, qui en tire profit, sans pour autant atteindre son objectif. Par ailleurs, la situation pourrait s'aggraver dans les semaines et mois à venir avec la menace terroriste de la branche locale de l'autoproclamé Etat islamique qui aurait renforcé ses rangs avec les combattants venus des zones de tensions comme l'Irak et la Syrie.