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Forces de l'alternative démocratique : une convention le 31 août
Elles exigent la levée des entraves à l'exercice politique et une véritable transition
Publié dans Liberté le 22 - 07 - 2019

Ouverte aux jeunes, aux acteurs de la société civile et aux partis et personnalités acquis à la nécessité d'une transition démocratique, cette convention est destinée à construire "une convergence pour une vision commune" de sortie de crise.
Nouvelle initiative des Forces de l'alternative démocratique. Dans le prolongement du pacte politique signé le 26 juin dernier, les partis, au nombre de sept, et la Ligue de défense des droits de l'Homme (Laddh) ont lancé hier, depuis le siège du RCD à Alger, un appel à la tenue d'une convention du pacte politique pour une véritable transition démocratique le 31 août prochain. Ouverte aux jeunes, aux acteurs de la société civile et à tous les partis et personnalités acquis à l'idée du pacte et à la nécessité de la transition démocratique, cette convention, qui sera précédée par des ateliers, est destinée à construire une "convergence pour une vision commune" de sortie de crise entre tous les acteurs et conforme aux aspirations exprimées par les Algériens depuis février dernier, selon ses initiateurs. "Nous, signataires du pacte pour l'Alternative démocratique (signé le 26 juin 2019), appelons les forces patriotiques, démocratiques et sociales, qui aspirent à faire valoir les revendications légitimes du peuple algérien et faire aboutir ses exigences révolutionnaires, à s'inscrire activement dans notre effort à entretenir l'espoir et à imposer une alternative démocratique", écrivent, dans une déclaration, les Forces pour l'alternative démocratique, dont le RCD, le PT, le FFS, le MDS, le PLD, l'UCP, le PST, ainsi que la Laddh (aile de Me Benissad). "En proposant une transition démocratique à travers un processus constituant souverain, les partis, les organisations et les personnalités qui ont signé le pacte pour une véritable transition démocratique, le 26 juin, ouvrent la seule perspective possible pour donner la parole au peuple, afin qu'il puisse choisir démocratiquement la forme et le contenu des institutions qu'il souhaite mettre en place et rejettent toute tentative d'imposer une élection présidentielle qui vise à sauver le régime en place." Outre qu'elle constitue, à leurs yeux, la condition pour garantir les libertés fondamentales, une justice indépendante, l'égalité en droits entre l'homme et la femme, entre autres, la période de transition sera consacrée à mettre en place l'environnement institutionnel "sans lequel toute idée de rupture avec le système usurpateur sera vaine", soutiennent-ils. Comme pour rejeter toutes les démarches initiées jusque-là, ils rappellent qu'"aucune initiative" ni "aucun dialogue" ne sont "viables" sans la satisfaction d'un certain nombre de préalables, dont "la libération des détenus politiques et d'opinion", "l'ouverture du champ politique et médiatique", "l'arrêt immédiat du dispositif répressif et de l'instrumentalisation de la justice" et, enfin, le "départ du régime et de ses symboles". Dans la conférence de presse qui a suivi cette déclaration, les représentants des Forces pour l'alternative démocratique ont notamment commenté la dernière initiative du Forum civil qui a dressé une liste de 13 "personnalités" pour conduire le dialogue. "Nous devons d'abord nous entendre sur le principe relatif à la sortie de l'impasse actuelle. Les noms, les mécanismes, les techniques, tout cela peut être réglé lorsqu'on aura répondu à la question politique centrale qui est : va-t-on réellement vers la démocratie ou vers un lifting, autrement recycler le régime actuel d'une manière ou d'une autre ? Le peuple algérien veut la rupture à travers le yetnahaw gaâ et yethasbou gaâ", souligne Fethi Ghares du MDS. "Ce qui se passe aujourd'hui, c'est autre chose. On propose une liste de personnalités. Pour nous, il faut débattre d'abord dans le cadre d'un dialogue ouvert et à la faveur d'un pacte consensuel entre les Algériens et entre ceux qui sont présents sur la scène politique, les syndicats, la société civile, les leaders d'opinion, les personnalités politiques, les Forces de l'alternative démocratique, les Forces du changement pour trouver des solutions à la crise et créer l'espoir démocratique. La Convention nationale du 31 août va nous regrouper et répondre aux demandes des Algériens", soutient, pour sa part, Ali Laskri du FFS, estimant que "l'Armée doit accompagner la transition".
Rejet de la "feuille de route du pouvoir"
"Mais, aujourd'hui, ils veulent à tout prix que leur feuille de route passe", dit-il. Présidente de l'UCP, Zoubida Assoul soutient que "ceux qui ont été à l'origine de la crise ne peuvent être une partie de la solution". "Aucune autre alternative en dehors de celle du peuple", tranche-t-elle. "On ne peut pas aller au dialogue à l'ombre des arrestations et des entraves aux libertés", souligne, de son côté, Mahmoud Rachedi du PST. Un avis partagé par Djelloul Djoudi du PT : "Si on va aux élections dans ces conditions, on va prolonger la vie du régime." "Il faut aller à un nouveau rapport de force", préconise Mustapha Hadni du PLD. Quant à Mohcine Belabbas, il loue les convergences en construction au sein des Forces pour l'alternative démocratique. "Nous avons un avantage par rapport au régime : on dialogue entre nous, déjà. À l'intérieur du régime, ils n'ont pas encore réglé leurs problèmes. On ne sait pas qui est le chef de l'Etat, par exemple. Nous sommes en train de construire des convergences. Il ne s'agit pas de dissoudre nos différences. Aujourd'hui, il n'existe pas de conditions pour une réelle pratique politique. Pour nous, il faut défendre le droit à la différence. La force de l'Algérie réside dans nos différences et dans notre pluralité. Le pouvoir essaie toujours de nous diviser en exploitant ces différences, présentées comme un problème", observe-t-il, avant d'ironiser sur la liste des personnalités proposées au dialogue : "Qui est ‘personnalité nationale' et qui ne l'est pas ? Ce n'est pas parce que vous avez fait partie du gouvernement que vous pouvez être considéré comme ‘personnalité'. Pour moi, ‘personnalité nationale' est quelqu'un qui a une vision, une position, a écrit un livre, a milité sur le terrain. Nous attendions de la société civile et des associations des visions, des idées, des propositions, pas une liste de personnes." Interrogé par un journaliste sur la position de certains partis qui avaient "soutenu" l'Armée dans l'arrêt du processus électoral en 1992, Mohcine Belabbas, dont le parti semblait être visé, a laissé entendre que son parti serait disposé à les assumer si les mêmes circonstances venaient à être rééditées : "Les responsables de ce parti (ex-FIS, ndlr) avaient clairement et publiquement annoncé qu'ils mettraient fin aux processus électoral dès qu'ils prendront le pouvoir car contraire, disaient-ils, à la chariâa. Si demain n'importe quel parti tente d'accéder au pouvoir avec les mêmes intentions totalitaires, je serai le premier pour lui barrer la route." "Que l'Armée se soit alignée à l'époque sur notre position, c'est une autre affaire", dit-il encore, avant que Fethi Ghares ne fasse observer au journaliste : "Nous sommes ici réunis grâce au hirak. Il faut tourner la page et aller de l'avant." Comme pour lever les équivoques à propos de l'Armée, Mohcine Belabbas précise : "Lorsque nous exigeons le retrait de l'Armée du champ politique, nous participons à l'effort de la protéger, la soutenir et la renforcer dans son rôle défini par la Constitution. Ce qui nous dérange est cette propension démesurée du vice-ministre de la Défense à s'arroger des droits qu'il n'a pas."

K. K.


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