Dans un document remis à l'APS et à trois quotidiens nationaux qui l'ont publié hier, Noureddine Ayadi, secrétaire général de la présidence de la République, est revenu sur la feuille de route du pouvoir, centrée exclusivement sur l'organisation d'une élection présidentielle dans les plus brefs délais. Rien de vraiment nouveau dans ce document présenté sous forme d'"entretien" par rapport au contenu des derniers discours à la nation du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, si ce n'est le rejet des préalables posés par la majorité des acteurs politiques et sociaux pour l'amorce d'un dialogue, comme en atteste cette réponse à ceux qui revendiquent des mesures d'apaisement avant le lancement de toute discussion. Ainsi, à propos de la libération de tous les détenus politiques, Noureddine Ayadi a laissé entendre que rien n'est envisagé dans ce sens dans l'immédiat, mais que "des mesures d'accompagnement pourraient faire l'objet de discussions lors du processus de dialogue". De même, la Présidence pense qu'une période de transition "ouvrirait la voie à l'anarchie" en entraînant la mise entre parenthèses des institutions constitutionnelles. "Une telle approche reviendrait à instituer un système de cooptation de ceux qui sont appelés à conduire la transition, dépourvu de toute légitimité, de tout ancrage juridique et qui fonctionnerait sans règles définies et, en tout cas, en dehors des lois de la République puisque la Constitution sera gelée." Tout en rejetant donc catégoriquement une période de transition, le SG de la Présidence justifie la prolongation du mandat d'intérim d'Abdelkader Bensalah au-delà du délai de 90 jours fixé par la Constitution par l'avis émis par le Conseil constitutionnel qui est, selon lui, "habilité à interpréter la Constitution autant dans sa lettre que dans son esprit, surtout lorsqu'il s'agit de questions touchant à la continuité des institutions". Tout autant, la Constituante réclamée par de nombreuses formations politiques est, juge le pouvoir, de "nature à faire perdurer la crise". Et d'étayer : "S'engager dans un tel processus, dont on ignore la durée et les conséquences, nécessitera également une transition, avec les inconvénients déjà évoqués, à savoir la suspension des institutions en place et leur substitution par des mécanismes fragiles improvisés dans la précipitation, dénués de toute légitimité." La Présidence reconnaît, toutefois, la persistance d'une crise de confiance. "C'est pourquoi il est apparu approprié de confier la conduite du dialogue à des personnalités indépendantes, sans affiliations partisanes et sans ambitions électorales", explique-t-il à ce niveau, soutenant qu'il n'est pas "pragmatique" de réclamer le départ des "symboles du pouvoir". Revendication considérée par la Présidence comme "ambiguë dans sa signification et sa portée, et qui présente des risques évidents de déstabiliser inutilement le fonctionnement normal de l'Etat et de ses institutions". Sans fixer une date pour le prochain scrutin présidentiel qui sera, affirme Noureddine Ayada, arrêtée dans le cadre du processus de dialogue, deux axes de discussion sont retenus. À savoir la configuration, les missions et attributions de l'autorité électorale indépendante de contrôle du processus électoral et la révision du cadre juridique, notamment la loi électorale. Le SG de la Présidence rappelle que le chef de l'Etat a indiqué que les textes issus du processus de dialogue seront pris en compte. Mais tout cela suffira-t-il à restaurer la confiance ? Loin s'en faut, à en juger par les premières réactions de la classe politique et des acteurs sociaux.