Après avoir agité la menace de son autodissolution si d'aventure le pouvoir refuse de répondre aux préalables qu'il a posés avant l'entame de sa mission, le panel pour le dialogue et la médiation mené par Karim Younès "ravale'' sa menace de démission, "range'' ses préalables et décide d'entamer son travail "incessamment" en invoquant, dans le communiqué sanctionnant sa réunion de jeudi 1er août 2019, "le sens de responsabilité envers Dieu et le pays". À première vue, cette décision sonne comme une reculade qui ne dit pas son nom de Karim Younès et de ses amis devant l'intransigeance dont a fait montre le chef d'état-major de l'ANP Ahmed Gaïd Salah dans sa sortie tonitruante de mardi 30 juillet 2019, en balayant d'un revers de la main toutes les conditions (libération des détenus, allégement du dispositif sécuritaire, etc.) qu'ils ont posées avant d'entamer leur mission. "Il n'est plus question de perdre davantage de temps, car les élections constituent le point essentiel autour duquel doit tourner le dialogue ; un dialogue que nous saluons et espérons qu'il sera couronné de succès et de réussite, loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu'aux diktats", avait-il asséné sur un ton sec et tranchant. Un véritable os pour une entité lourdement handicapée par le désaveu populaire, mais aussi par ses propres vulnérabilités (ses membres ne jouissent d'aucune aura ni de crédibilité et sont désignés par une organisation inconnue au bataillon). Et plutôt que de démissionner, comme ils l'ont eux-mêmes promis, et de sauver, un tant soit peu, la face devant l'opinion publique, Karim Younès et son panel ont préféré faire le dos rond et poursuivre leur mission comme si de rien n'était. Une décision qui pourrait être interprétée comme une capitulation devant la première embûche rencontrée. En apparence, c'est le cas. Car, le jour même de la sortie de Gaïd Salah, le coordinateur du panel a réitéré les préalables au dialogue non sans signifier son refus de "marcher sur la volonté populaire" et brandir la menace de l'autodissolution. Cela dit, une seconde hypothèse peut être avancée. Il se pourrait, en effet, que d'autres parties autres que l'état-major de l'armée soient entrées en jeu et ont réussi à persuader Karim Younès de ne pas rendre son tablier et de procéder à la mise à mort du panel. Car, il est impensable que ce soient les membres de cette entité qui aient rejeté la démission de Karim Younès de la coordination du panel, eux qui n'ont pas bougé le petit doigt devant le retrait de l'économiste Smaïl Lalmas, mardi 30 juillet, et celui de l'universitaire Azzedine Benaïssa, jeudi 1er août. Désignés par un président d'une association (Forum civil pour le changement) pour mener le dialogue, ils n'ont pas assez de poids et encore moins la légitimité ou l'autorité pour faire revenir un ancien président de l'Assemblée nationale, Karim Younès en l'occurrence, sur sa décision de démission. Tout porte à croire que ce sont d'autres parties qui l'ont fait. Lesquelles ? Et de quels arguments ont-elles usé ?