Moins de vingt-quatre heures après le discours du vice-ministre de la Défense nationale et chef d'Etat-major, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, à travers lequel il a exclu tout préalable pour le lancement du dialogue, la Commission nationale du dialogue et de médiation a, par la voix de son coordinateur, Karim Younes, annoncé la tenue, aujourd'hui jeudi, d'une réunion pour faire le point sur l'évolution de la situation. « Le Panel qui avait conditionné le début de ses travaux par la satisfaction de préalables posés, maintient les mêmes conditions. Le chef de l'Etat intérimaire nous a donné des assurances », a indiqué, hier mercredi, Karim Younes. On est prêt à tout sacrifier pour trouver une issue, a-t-il dit. Mais on n'est pas prêt à marcher sur la volonté populaire. On n'a pas le droit de renier ses engagements. Mais, a-t-il fait remarquer, il n'est pas question de tergiverser sur les questions de principe, de dignité et de fidélité à la parole donnée aux Algériens. «C'est la quintessence de notre démarche au sein du Panel», a observé Karim Younes, laissant entendre qu'un retrait est envisageable. Avec les membres de la Commission nationale du dialogue et de médiation, Karim Younes a été, pour rappel, reçu, jeudi dernier par le chef de l'Etat intérimaire qui s'est engagé à répondre favorablement aux préalables liés aux mesures d'apaisement, posés par le Panel pour l'entame du dialogue national. «Cette semaine sera décisive», avait-il déclaré le lendemain, soit vendredi dernier. «Si les engagements pris par la présidence ne connaissent pas un début d'exécution, le Panel, Tajma3th N El Kheir, se réunira et examinera l'éventualité de la suspension de ses travaux et pourra même aller jusqu'à son autodissolution», avait-il indiqué. Avant-hier mardi, quelques heures après le discours du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, dans lequel il a rejeté tout préalable au dialogue, un membre de ce Panel, Smaïl Lalmas, expert en économie, a annoncé son retrait de la Commission nationale de dia logue et de médiation au peuple algérien et aux membres de la Commission de dialogue indépendante. En l'absence de réaction positive aux revendications populaires relatives aux mesures d'apaisement nécessaires à la réussite du processus du dialogue, et du fait des pressions que j'ai subies depuis la constitution de cette instance, j'ai pris la décision de me retirer immédiatement de cette Commission de dialogue. J'ai tenté, de toute mon énergie, de trouver une sortie de crise cependant… Allah n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité, que Dieu protège l'Algérie, gloire à nos martyrs», écrit-il dans un message au peuple algérien, publié sur sa page facebook. Cette démission intervient après qu'Ahmed Gaïd Salah ait, dans un discours prononcé au siège du ministère de la Défense nationale, rejeté les mesures d'apaisement, dont notamment la libération des détenus d'opinion et l'allègement des barrages à l'entrée d'Alger lors des marches du vendredi, réclamées par le panel pour créer un climat favorable à l'amorce d'un processus du dialogue. Lundi dernier, pas moins de six personnalités nationales, invitées par la Commission nationale de médiation et de dialogue que préside Karim Younes, à « répondre à l'appel de la patrie » ont exprimé leur refus de faire partie de ce Panel du dialogue.