épargné à plusieurs reprises par le juge enquêteur près la Cour suprême, Abdelghani Zaâlane a fini par rejoindre ses anciens collègues et chefs à la prison d'El-Harrach. En compagnie de son ancien collègue au gouvernement Mohamed El-Ghazi, l'ancien ministre des Travaux publics et également ex-wali est accusé d'avoir "dilapidé des biens publics", d'avoir fait "mauvais usage de la fonction" de wali qu'il occupait et d'avoir pris des décisions en situation de "conflit d'intérêts". Vingt-quatre heures après avoir annoncé l'incarcération des deux anciens walis, la Cour suprême précise en effet que l'ancien wali d'Oran, auditionné une seconde fois hier mardi, est poursuivi dans "l'affaire Abdelghani Hamel". "Dans le cadre de l'instruction ouverte à la Cour suprême, le conseiller instructeur a auditionné, mardi 6 août 2019, l'ex-wali d'Oran Abdelghani Zaâlane, dans le cadre de l'affaire Abdelghani Hamel, poursuivi pour dilapidation de deniers publics, utilisation illicite en sa faveur ou en faveur d'une tierce personne ou entité de biens publics et abus de fonction par un fonctionnaire public dans le cadre de l'exercice de ses fonctions, en violation des dispositions législatives et réglementaires, pour l'obtention d'avantages indus en faveur d'une personne ou d'une entité donnée", indique en effet un communiqué de cette Cour. L'homme qui partage, avec Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, le même nombre d'auditions au niveau de la Cour suprême, a été rattrapé par l'une des affaires les moins médiatisées de cette campagne "anti-corruption". Wali d'Oran avant de devenir ministre, comme beaucoup de ses prédécesseurs à ce poste, Abdelghani Zaâlane a certainement eu affaire à de grands potentats du régime. Il est, en effet, difficile d'être wali de la grande métropole de l'Ouest algérien sans avoir à gérer la pression de hauts responsables, civils ou militaires. C'est dans cette ville que l'ancien directeur général de la Sûreté nationale Abdelghani Hamel avait ses habitudes. Le général, aujourd'hui en prison, y compte des membres de sa famille. C'est dans le port de cette charmante cité balnéaire que l'un des fils Hamel avait droit à un port sec dans lequel des conteneurs sont entreposés. C'est dans cette enceinte que devaient être déchargées les dizaines de quintaux de viande importées en mai 2018 par Kamel Chikhi, alias le Boucher, si elles n'avaient pas été saisies après la découverte de 701 kg de cocaïne. Mais il n'est pas dit que c'est dans le cadre de cette affaire qu'Abdelghani Zaâlane a été inculpé. Les premières auditions qui ont conduit une bonne partie de la famille de l'ancien DGSN à la prison d'El-Harrach ont démontré qu'Abdelghani Hamel est poursuivi pour d'autres dossiers. Terrains publics, locaux commerciaux et facilitations diverses auraient été mis à la disposition des enfants qui géraient pas moins de 39 entreprises à l'échelle nationale. Créer autant d'entreprises suppose des complicités à tous les niveaux de l'administration locale et centrale. Au demeurant, l'on assure que plusieurs autres walis, dont certains encore en fonction, seraient concernés dans le dossier lié à Abdelghani Hamel.