Qu'importent les déclarations de Gaïd Salah, qu'importent les promesses de Karim Younès, le dernier mot revient au peuple. Et le peuple exige le changement radical. C'est, en substance, le message que les Oranais ont véhiculé, hier, lors de la 25e marche de la révolution, à travers leurs slogans et leurs pancartes : pas d'élection présidentielle, pas de dialogue avec la bande, des poursuites judiciaires contre les fossoyeurs de la République et l'application des articles 7 et 8 de la Constitution : telle est la réponse que les manifestants ont opposée au discours que le chef d'état-major a tenu jeudi, dans lequel il a notamment affirmé que les revendications du hirak ont été satisfaites. "C'est faux, les Algériens ne marchent pas contre une partie du pouvoir ; ils réclament le départ de tous ses symboles. Or, Gaïd Salah, Abdelkader Bensalah, Noureddine Bedoui, le FLN, le RND (…) sont toujours là et résistent toujours au changement", dénonce un manifestant qui remarque d'ailleurs que la répression policière, l'une des pratiques favorites du pouvoir, est toujours de mise, comme en témoignent les interpellations des hirakistes, les poursuites judiciaires pour des motifs fallacieux (port du drapeau amazigh) et l'encerclement de la capitale chaque vendredi. "C'est vrai que depuis février le hirak a arraché plusieurs acquis. Mais de là à dire que toutes ses revendications ont été satisfaites, c'est aller trop vite en besogne", conclut-il. Sous le soleil de plomb de ce vendredi, des centaines d'Oranais ont battu le pavé en réitérant les mêmes revendications — à quelques exceptions près — qu'ils portent depuis le 22 février 2019. Et toutes tendent vers l'instauration d'une 2e république, fondée sur la justice sociale, le respect des droits humains, la protection des libertés…, à l'exclusion des figures du pouvoir et de ses relais. Des manifestants ont réagi à la vidéo que l'ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar a mise en circulation il y a deux jours, en réponse au mandat d'arrêt qui a été lancé à son encontre. "Ils font tous partie de la même engeance que le peuple vomit", a violemment réagi un manifestant, alors qu'on pouvait lire une pancarte : "Nezzar, Gaïd, lavez votre linge sale ailleurs. Le hirak n'est pas acheteur." Il y a lieu de signaler que le gigantesque drapeau symbole de l'unité nationale, représentant les 48 wilayas, a été brandi à Oran sur une partie de l'itinéraire de la marche.