Dans leurs messages et slogans, les Oranais réclament le départ des deux B restants pour amorcer une véritable sortie de crise sans aucun résidu du système Bouteflika. "Si Gaïd Salah et les siens ont pensé pouvoir calmer la rue en jetant en prison des hommes comme Ouyahia et Sellal qui, soit dit en passant, méritent leur sort, ils se trompent. Les Algériens exigent le démembrement de l'ensemble du système, des poursuites judiciaires contre tous ceux qui ont volé le peuple, la restitution des richesses détournées et l'avènement d'une nouvelle République." C'est, en substance, le message des Oranais aux tenants du pouvoir, hier, à l'occasion du 17e vendredi de contestation. Dans leurs messages, écrits sur des pancartes ou scandés, les marcheurs de ce 17e vendredi ont réitéré leur exigence du départ du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, du chef du gouvernement, Noureddine Bedoui, et du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah. Ils ont également rappelé à l'homme fort de l'Armée, en sa qualité de "chef de bande", leur refus de l'élection présidentielle sous la férule du régime en place et leur rejet de tout dialogue avec "el îçaba" dont ils continuent de revendiquer le départ. "Des têtes tombent certes, mais rien n'indique qu'il ne s'agit pas de règlements de comptes ou que Gaïd Salah ne sacrifie pas le clan Bouteflika pour préserver sa caste, souligne un enseignant universitaire, en s'inquiétant de l'accélération subite des événements, jeudi dernier, et du risque que la justice ne soit instrumentalisée au lieu d'être aux manettes. Devant le siège de la wilaya d'Oran où ils ont convergé pour un grand rassemblement, les manifestants ont multiplié les slogans hostiles au pouvoir et à ses principaux symboles et réitéré leur attachement à un Etat civil. "Dawla madania, machi aaskaria", a été l'un des principaux slogans qui a résonné à côté de l'incontournable : "Djazaïr hourra, democratia". Une fois n'est pas coutume, la manifestation de ce vendredi a été marquée par un incident à l'avenue Loubet, au centre-ville, lorsque des policiers sont intervenus pour embarquer un manifestant. Renseignement pris, il est apparu que le jeune homme avait tenté de provoquer les marcheurs en lançant des "Tahya Gaïd Salah", provoquant la colère de la masse. Un échange d'amabilités, une empoignade et voilà le provocateur embarqué dans un 4X4 de la police. Et c'est là qu'un animateur de la marche s'en prend aux manifestants : "C'est un provocateur qui tente de casser le mouvement. Il ne faut pas répondre, restez vigilants." Il est vrai qu'à diverses reprises des tentatives de briser le hirak ont été signalées à Oran mais, jusqu'ici, toutes ont avorté et les Oranais sont restés unis autour des mêmes revendications.